ƒƒ article de Nicolas Brizault

Music-Hall. Une artiste, plus que flapie, en tournée depuis des années, épuisée de tous ces chemins faits ou à faire pour aller chanter danser, vivre pour elle, s’amuser grassement en buvant un coup ou deux en face, dans la salle. C’est ce que Jean-Luc Lagarce racontait, finement, avec une violence lasse et à peine dessinée pour que le résultat n’en soit que plus fort. Tout tourne autour de l’envie inexplicable puisque évidente de monter sur scène viennent se coller difficultés, saccage sans fin du moral, tous ces kilomètres entre chaque salles qu’on voudrait faire vibrer et qui n’attendent pas beaucoup plus qu’un samedi soir un peu plus léger que toutes ces fades semaines répétées.

Il y a aussi les rapports, en tous sens, avec les alter ego, leurs envies, les jours youpi et les jours Père Lachaise, pour leur humeur au moins. Une femme, la star, nous raconte l’importance de son tabouret, divin pour elle et objet encombrant pour les autres. Presque l’impression d’entendre Barbara… Du bien senti, du vécu sans aucun doute, de l’au secours anéanti et qui pourtant se diffuse au travers d’un chemin costaud, drôle, las, une écriture intelligente et forte dans laquelle réapparaît Jean-Luc Lagarce.

La petite scène du Guichet Montparnasse est fantastique et offre une voie splendide à toute cette jeune équipe pour la présentation de Music-Hall. La chanteuse et ses musiciens/chanteurs, les plumes et les maquillages forcés. Ils sont plongés dans cet univers, ça se voit. Quelques petites langueurs apparaissent, ici ou là un ton différent, une volée de peps ou davantage de « méchanceté » donnerait plus de force au texte magique et évident. C’était la première et le rythme a très souvent du mal à se « lancer » pour de vrai, à prendre place, à devenir du vraiment vrai… Mais justement, quelle force juste devant nous, quelle force de jouer Music-Hall, quel talent de mettre le moindre petit orgueil traînant dans la poche. Vincent Lagahe, Yohan Leriche, Charles Leys et Sophie Planté sont las, poussiéreux, défaits et défaite. Fatigué-e-s. Ils nous créent tout ça, ils le fabriquent, le sortent de leurs malles. Ils sont et ils font. Bravo ! Mains serrées ils avancent. « Ils et elle » méritent les applaudissements, leur boulot avancera avec eux, c’est évident. On perçoit beaucoup dans leurs visages, les corps pourraient donner plus ou donner mieux. Et surtout, que la lassitude fine exprimée dans le texte, avec la magie des répétitions qu’il contient, sache s’exprimer plus adroitement. Du haut, du bas, du bien et du mal ? Pourquoi pas. Et hop ! C’est bien du talent qu’on a sous les yeux, dans cette charmante petite salle, histoire que les dimanches soirs soient de plus en plus Music-Hall !

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