© Christophe Raynaud de Lage

ƒƒ article de Sylvie Boursier

Morphée, fils du sommeil et de la nuit souffle les rêves aux âmes errantes et Morphe, la forme, ne cesse de se transformer. Le tout est un conte étiologique de Simon Falguière sur l’origine du monde.

Pierre, le narrateur interprété par l’auteur en personne, raconte l’histoire de sa mère, Masha, actrice née dans un pays de l’Est et de Rezzo, son grand père, qui un soir raconte à sa fille Masha l’histoire d’un théâtre au nom mystérieux « La Baleine Bleue », coffrage en bois créé par son père. Dehors le bruit des bombes a tout détruit, excepté le ventre de la baleine où ils se réfugient l’espace d’une nuit. Simon Falguière est cette poupée russe qui glisse d’un rôle à l’autre, l’air de rien avec un jeté de doigt comme indépendant du corps, une robe couleur de temps, un dos qui s’arc-boute, un bras qui s’arrondit et un nez en trompette noir. Acrobate céleste, il traverse l’espace-temps à compter du Big Bang, assemble des dessins aux formes bleues comme les constellations de la voie lactée. Apparaissent les espèces invertébrées et vertébrées et enfin l’Homo sapiens. Avec lui naît la volonté de puissance et le pouvoir de nuisance sur les beautés de la planète bleue. On entend une voix off murmurer les mots tirés des Métamorphoses d’Ovide « au commencement, il y avait le chaos. Kaos. Et puis Kaos enfanta Gaïa la Terre. Puis Kaos enfanta Éros, l’Amour. Lui c’est le plus beau des dieux. Puis Kaos enfante Ereb, les ténèbres et Nix, la nuit obscure. Puis Ereb et Nix par leur amour, enfantèrent la lumière du jour… ».  Des figurines surgissent de trappes manipulées par des accessoiristes, les tiroirs s’ouvrent tout seuls et des cubes multicolores apparaissent contre lesquels se bat le grand échalas élastique au pantalon à bretelles.

Simon Falguières met en scène et accomplit là une véritable performance, synthèse de l’art du cirque, du cinéma muet, du mime et d’un théâtre de tréteaux avec une bande son incroyable, cris de baleines, couinement d’une table récalcitrante et jets de projectiles sur le parquet en bois. On est un peu déroutés par tant d’apparitions à la seconde mais ce n’est pas grave, il suffit de s’immerger dans les images comme des natures mortes ou d’insolites assemblages dadaïstes.

Dans les zones de guerre, sous les étoiles, que raconte-t-on aux enfants le soir ? Des histoires mais pas des contes de fée, ni des récits maléfiques, des contes initiatiques qui leur permettent de traverser la violence d’un monde fragile et de rêver à sa beauté. Dans le sous-marin bleu du Théâtre de la Villette un magicien conte une fable à dormir debout, le songe d’une nuit d’automne sur la naissance et la destruction de notre humanité.

© Christophe Raynaud de Lage

Morphē, texte, mise en scène, scénographie et jeu de Simon Falguières

Tout public à partir de 7 ans.

Création accessoires et marionnettes : Alice Delarue

Lumière : Léandre Gans

Son : Celsian Langlois

Costumes : Lucile Charvet

Assistant mise en scène : David Guez

Durée 55 mn

Du mardi 24 au jeudi 26 octobre à 14h30

Jeudi 02 novembre à 14h30, dimanche 5 novembre à 15h30 

Théâtre Paris Villette

211 avenue Jean Jaurès

75019 Paris

T+ 01 40 03 75 75

www.theatre-paris-villette.fr

Du 21 au 22 mars 2024 – Théâtre du Château d’Eu, Seine Maritime (76)

Du 25 au 29 mars 2024 – Comédie de Caen – CDN de Normandie Calvados (14)
Du 8 au 13 avril 2024 – Transversales – Scène conventionnée de Verdun, Meuse (55)

3 et 4 mai 2024 – La Mégisserie – centre culturel de saint Junien Haute Vienne (87)

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