© Silvia Gribaudi
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Comment sautiller joyeusement dans la rue en sortant d’un spectacle, alors que nous sommes en plein hiver ? Nous pourrions sans doute trouver une foule de réponses, en cherchant un peu, en restant droits dans nos bottes. Mais sautiller joyeusement droits dans ses bottes n’est vraiment pas évident alors le plus simple est, de loin, d’aller voir un spectacle magique, Monjour, de Silvia Gribaudi… Le titre fait peur, pas vraiment mais presque. On peut imaginer un jeu sur le langage, ou que sais-je encore. Mais heureusement, on se fait tout de suite avoir : il est 20 heures et nous sommes tous bien installés. Une voix de femme nous annonce qu’il faut éteindre nos téléphones, etc., etc., sauf qu’en moins de deux cette voix déraille, où plutôt commence à dire n’importe quoi, entre sérieux et blabla fou, presque rien mais qui fonctionne.
Deux acrobates, deux danseurs et un comédien-clown, cinq hommes donc et fort peu habillés vont jouer pour nous, avec nous pas vraiment, malgré quelques essais mais le public sait encore bien se tenir, hélas ! Sur un fond splendide − comme des dessins, des univers, des arbres, des ribambelles de ce que vous voulez − apparaissent, disparaissent, dégoulinent et grimpent vers le plus haut du tout en haut ces cinq petits et grands bonhommes. Ils vont nous montrer ce qu’ils savent faire, ils vont nous montrer à quoi ressemble le sourire immense de la folie douce. Dans Monjour Silvia Gribaudi souhaite unir la scène, sorte de cirque, et le public. Elle est dans la salle, avec les spectateurs et rejoint son équipe, ici ou là sur scène, en fausse-vraie « directrice » pour montrer encore plus clairement ce qu’elle veut nous offrir. Un peu trop souvent ? Sans trop de rebondissements ? C’est parfois une idée brouillonne que nous pourrions laisser naître mais qu’on efface très vite, avant même qu’elle tente de faire comme chez elle. Et c’est tant mieux.
Le public, encore une fois, c’est très bien tenu, un peu timide sans doute, même si tout semblait très bien fonctionner. Une joie certaine voletait, et le travail de Salvatore Cappello, Nicola Simone Cisternino, Riccardo Guratti, Fabio Magnani, Timothée-Aïna Meiffren – il faut les nommer ici – fonctionne parfaitement : danse sans en être une, cirque, rêves et jeux avec les images que tous ont créées lors de leur « invention » du spectacle avec Silvia Gribaudi, chaque instant baigne dans une mini pureté sympathique, sans aucune prétention. Et les cinq (ou six quand Silvia Gribaudi est là) « tendres et efficaces » répètent en italien, français ou anglais, « It’s for you ! » et d’autres mini interjections splendides !
Monjour est une guillerette usine à se sentir bien. C’est beau, facile, sans aucune noirceur ou agressivité. C’est rare et donc encore mieux ! Ne racontons pas les tous derniers saluts sous les tous derniers applaudissements… un petit bonheur !
© Silvia Gribaudi
Monjour, de Silvia Gribaudi & Matteo Maffesanti
Création dessins : Francesca Ghermandi
Conseil dramaturgique : Matteo Maffesanti
Création matériel artistique : Silvia Gribaudi, Salvatore Cappello, Nicola Simone Cisternino, Riccardo Guratti, Fabio Magnani, Timothée-Aïna Meiffren
Lumières : Leonardo Benetollo
Musique : Nicola Ratti
Avec Salvatore Cappello, Nicola Simone Cisternino, Riccardo Guratti, Fabio Magnani, Timothée-Aïna Meiffren, Silvia Gribaudi
Du 15 au 19 février 2022
20 h
Durée 1 heure
Théâtre de la Ville − Les Abbesses
31, rue des Abbesses
75018 Paris
Réservations 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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