À l'affiche, Critiques // Mon père, ma mère et Sheila d’Éric Romand, Plateau 31, Gentilly

Mon père, ma mère et Sheila d’Éric Romand, Plateau 31, Gentilly

Oct 13, 2019 | Commentaires fermés sur Mon père, ma mère et Sheila d’Éric Romand, Plateau 31, Gentilly

 

© DR

 

ƒƒ article de Corinne François-Denève

Une enfance ordinaire dans les années 60-70 en France : les sous-pulls en nylon qui grattent, les dimanches de chasse, les vacances en R5… Mais aussi les Tepaz, puis les mange-disques qui crachent du Rika Zaraï, et surtout du Sheila. Éric Romand s’est inspiré de son roman autobiographique pour créer son premier spectacle. Il y raconte sa vie, celle d’un petit garçon « différent », qu’on trouve drôle d’appeler « Riquette », dans ces années-là, et à qui on ne prévoit pas grand chose d’autre qu’un destin de coiffeur (mais il sera un des meilleurs, sous le nom de « Roman »). Les souvenirs se succèdent, pièces roses et noires, où affleure aussi une sourde douleur, celle de la violence domestique, de l’alcoolisme, du suicide.

On comprend ce qui a poussé Éric Romand à prendre en charge, lui-même, ce récit : c’est après tout son histoire, racontée avec ses mots, et sa puissance pourrait sans doute difficilement être déposée dans les mains d’un autre. L’écriture de Normand, auteur de théâtre par ailleurs (Comme à la maison), est fine et forte. Ses mots font mouche, souvent drôles. Ils se révèlent très émouvants quand Romand s’engage dans l’évocation de la mort et de la souffrance, d’autant, encore une fois, que l’on sait qu’il raconte sa propre histoire. L’attention de la salle devient alors intense, le moment se suspend.

Mon père, ma mère et Sheila est pour l’instant un « work in progress », une sortie de résidence, encore imparfaite, encore maladroite, que l’on est très contente d’avoir vue à ce stade, et qu’on aimerait revoir dans quelque temps, comme on voit un petit filleul encore un peu petit, et qu’on retrouve plus tard, bien grandi et beaucoup plus dégourdi. Il faut encore attendre que la mémoire du texte se dépose chez Romand, que sa diction se fasse plus déliée, que les transitions (lumière, son), soient trouvées. On aimerait que Romand se fasse suffisamment confiance pour confier son texte aux spectateurs et spectatrices non comme un récitant ou comme un conteur, mais que sorte en lui cette graine d’acteur : on reconnaît sa capacité à s’emparer du plateau, souvent, et en particulier dans les moments de danse, où le texte fait un peu silence, et où résonne la musique. Un fils et sa mère, et Sheila : nul doute qu’Annie Chancel verserait une petite larme, s’il lui prend l’idée, un soir, de se glisser dans la salle.

 

 

Mon père, ma mère et Sheila d’Éric Romand

Collaboration artistique : Catherine Hosmalin

Avec Éric Romand

 

 

Les 11, 12 octobre 2019 à 20 h 30

Dimanche 13 octobre à 15 h 30

Durée 1 h 25

 

 

Plateau31

31, rue Henri Kleynhoff

94250 Gentilly

 

Réservation au 01 45 46 92 02

www.plateau31.com

 

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