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« Mon oncle est reporter » écrit et mis en scène par Vincent Farasse, à l’Échangeur de Bagnolet.

Avr 14, 2015 | Commentaires fermés sur « Mon oncle est reporter » écrit et mis en scène par Vincent Farasse, à l’Échangeur de Bagnolet.

ƒ article de Victoria Fourel

 

Crédits photo Vincent Farasse

Crédits photo Vincent Farasse

 

Chaque jour, Camille monte dans un Lille – Bruxelles épuisant, travaille et rentre chez lui. Il est heureux avec sa femme. Il ne fait pas ce qu’il aurait aimé faire dans la vie, mais ce n’est pas si grave. Sauf que dans ce train, une femme en forme de courant d’air va chambouler son château de cartes. Et alors, le doute s’installe avec une sorte d’infidélité, une double vie, ou plutôt une vie coupée en deux.

Très sobre et délicate, cette mise en scène s’appuie surtout sur ses comédiens. Faite de peu de décors et de peu d’espaces définis, elle permet de jouer sur les ellipses et le tourbillon dans lequel est pris le personnage. Mais si certains passages sont très percutants, on est parfois laissé pour compte par les transitions par le noir et le rythme lent que cela cause. Alors que Camille passe de l’émotion au second degré, de l’amour sage à l’amour qui transperce, de la sagesse à l’indignation, rien dans ces lumières, dans ce décor sobre, donc, ne le laisse paraître. Le spectacle semble chercher à raconter l’impuissance, et le bonheur, en douceur, en se concentrant sur ces trois silhouettes. Mais sans parler de confrontation, la mise en scène manque de frontal, et donne donc l’impression au spectateur de traverser des thèmes divers et très forts sans vraiment les prendre à bras le corps.

Ce que raconte le spectacle, dans un sens, est justement très fort. On sent l’attachement de Vincent Farasse au drame du quotidien, à la grande aventure du TGV, son attachement aux choix qui changent la face de notre monde. Et tout cela transparaît, mais a l’air de manquer de vitesse, de perte de contrôle, de désir. La poésie de ce drame quotidien est omniprésente, mais empêche parfois l’humour, le concret, notamment dans l’interprétation un poil technique des comédiens. On aimerait que Camille et les femmes de sa vie perdent davantage leur sang-froid, et calculent moins. En effet, l’histoire est passionnante, et certains passages du texte nous laissent émus, mais parfois sur notre faim. Camille aurait voulu être journaliste, comme son oncle, aurait voulu rester avec la fille du train, aurait voulu plaquer son boulot, bref, Camille voudrait être un homme, un jeune, un fou. Et c’est ce qui manque au spectateur : de la folie, de la jeunesse, et ce, que ce soit dans le jeu, dans les étreintes, dans les transitions.

Cette pièce presque cinématographique, à l’intrigue digne de beaux scénarios ‘ferroviaires’ , donne néanmoins à réfléchir sur le basculement de la routine, le triangle amoureux et ce qui peut donner l’avantage à l’une ou à l’autre, et l’on est surtout touché par la poésie de ce Lille – Bruxelles inattendu.

 

Mon oncle est reporter
Texte Vincent Farasse
Mise en scène Vincent Farasse
Scénographie Julia Kravtsova
Lumières Nathalie Perrier

Avec Ève Gollac, Gaëlle Héraut et Aymeric Lecerf

Du lundi 13 avril au lundi 20 avril
Du lundi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h, relâche mercredi 15.

L’Échangeur de Bagnolet
59, avenue du Général de Gaulle – 93170 BAGNOLET
M° Gallieni
Réservation 01 43 62 71 20
www.lechangeur.org

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