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Miracle en Alabama de William Gibson, mise en scène Pierre Val, au Théâtre La Bruyère

Fév 16, 2018 | Commentaires fermés sur Miracle en Alabama de William Gibson, mise en scène Pierre Val, au Théâtre La Bruyère

ƒ Article de Victoria Fourel

C’est un miracle qu’il faut à la famille Keller. Leur fille Helen, sourde et aveugle depuis l’enfance, est coupée du monde, invivable et isolée, bien qu’aimée par sa famille. Cette adaptation de l’œuvre maintes fois relue de William Gibson cherche à raconter avec humour et émotion une histoire de famille, d’apprentissage, et de miracle, donc.

Il y a un parfum de classicisme suranné dans cette mise en scène, qui laisse exister l’imaginaire du spectateur mais reste profondément ancrée dans la seconde moitié du 19ème siècle, sa chaleur, ses vieux refrains et ses coutumes. On ne cherche pas ici à réécrire l’histoire, mais à la raconter avec respect. Le décor est en cela intéressant, jouant avec des matières modernes et un fond qui ne s’appesantit pas sur des détails. Il n’y a là guère de folie, mais pas mal d’intelligence, comme dans les costumes, assez réalistes et simples, qui flirtent avec le cliché sans jamais y tomber.

C’est davantage sur le texte que l’exigence est un peu affaiblie. Les comédiens sont concrets et présents, et attaquent ce texte dans le bon rythme. On croirait un tempo de comédie, et pourtant ici, tout ne prête pas à rire. Cela donne lieu à de chouettes échanges doux-amers, entre tendresse et violence, comme pour ne pas perdre pied face à la gravité de la situation. En revanche, on peut se demander si la traduction n’est pas trop gentillette, parfois un peu trop écrite, donnant au tout un style vaguement ordinaire, soulignant les bons sentiments des uns et des autres. En découle un ton de téléfilm, sans réel fausse note mais sans réelle patte non plus.

Cette histoire vraie explore le rapport que l’on a à la croissance. Elle nous rappelle l’importance de la transmission et de l’acharnement dans cette transmission, des difficultés à éduquer un enfant que l’on aime, et bien sûr du regard forcément biaisé que l’on porte aux handicapés, aux différents. C’est une histoire qui fait rêver, parcours d’un changement, parcours d’une patience. Clara Brice, vue dans le rôle d’Helen Keller, a de quoi faire dans ce rôle muet mais intense. Elle est crédible et investie, tout comme Stéphanie Hédin, qui joue celle qui portera Helen jusqu’à sa nouvelle vie. On est pris par ces comédiennes et leurs engagements, sans pour autant échapper au côté premier degré de la direction donnée au travail. Ni la musique ni l’utilisation de son ne parviennent vraiment à moderniser l’ensemble, et les personnages, mêmes forts, restent au plan de vrais bons gentils tout public.

Grande aventure à la fois historique et ordinaire, ce Miracle en Alabama ne bouscule pas nos attentes, mais retrace avec respect la vie d’Helen, et son passage au monde. C’est assez drôle et touchant, un moment plaisant, de théâtre et de réflexion, aussi.

 

Miracle en Alabama de William Gibson

Mise en scène Pierre Val

Avec Valérie Alane, Julien Crampon, Stéphanie Hedin, Marie-Christine Robert, Pierre Val, et en alternance Lilas Mekki ou Clara Brice

Assistante mise en scène Sonia Sariel
Scénographie Alain Lagarde
Costumes Pascal Bordet
Lumières Anne-Marie Guerrero
Création sonore Fabrice Kastel

A partir du 8 février 2018, du mardi au samedi à 21h, le samedi à 15h

Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 Paris

Réservation 01 48 74 76 99
www.theatrelabruyere.com

 

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