© Thierry Laporte
ƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
Merlin ou la terre dévastée, est un grand moment, et la première parisienne de ce spectacle de sortie des élèves de la séquence 11 (2022-2025) de l’École Supérieure de Théâtre de l’Union. C’est la deuxième présentation après celle du mois de juin à Limoges. Un moment très important, une ouverture pourrait-on dire pour toute cette équipe. Comédiens et comédiennes maintenant, allez, c’est à vous désormais, pour de vrai !
Et pour nous montrer qu’ils ont bien travaillé, ils n’ont pas choisi n’importe quoi avec ce texte de Tankred Dorst, Merlin ou la terre dévastée. Histoire gigantesque que celle liée à ce vieux magicien, tout proche du roi Arthur et de son équipe, tous plongés dans une période plus que mouvementée, multipliant les guerres, défenses et meurtres, le tout avec histoires d’amour, trahisons, héros et vilaines sorcières. Un spectacle amusant, prenant et lassant à la fois. Il faut bien le dire, comme si on ne voyait pas passer le temps tout en le trouvant fort long, même si le texte n’est pas présenté en entier… Trois heures, avec un petit entracte au milieu, rempli de jeux et d’animations remuantes.
Sur une scène sobre et vaste vont apparaître, disparaître tous ces personnages, Merlin l’enchanteur, le chevalier Lancelot ou la fée Viviane autour de « La » gigantesque table ronde évidemment ou dans la forêt de Brocéliande, un décor assez sobre, net et descriptif. Au milieu de cela, par magie sans doute, un écran fera apparaître la traduction en français des textes prononcés en anglais. Oui, nous sommes en Angleterre, comme le dira en français l’un des personnages, donc on parle en anglais, non ? C’était pour rire, mais les traductions continuent, of course, et heureusement parce que de temps en temps, malgré la présence des micros qui, réglés si fort, nous rendent parfois incompréhensible un texte murmuré ou trop rapide. D’ailleurs, cette mode des micros au théâtre… Mais bon. En parlant de cet écran, le texte écrit aurait mérité une bonne relecture pour éviter d’énormes fautes de frappe plus que répétitives. Pas très acceptable pour ce type d’usage, surtout après une première présentation en juin au Théâtre de l’Union.
L’équipe contient une quinzaine de personnages et comme il faut montrer que tous sont très bons, ce qui est vrai, il y a l’histoire principale et divers petits événements tout autour, drôles, surprenants, sympathiques. On ne sait plus où regarder. Tous et toutes sont attachants, même les méchants, et après le premier acte, on se dit qu’on ne voit pas le temps passer, qu’il ne fallait pas avoir peur en voyant que le spectacle durerait trois heures trente, avec son entracte. Au début, la magie du rire est rebondissante, façon Sacré Graal des Monthy Python. L’homosexualité souriante traîne à droite et à gauche, le Roi Arthur n’imagine même pas pouvoir saisir cette fichue épée et hop, surprise, ça y est, donc on s’amuse et vient l’entracte. Déjà ??
Puis vient le second acte et les choses se compliquent. Les joyeux rebondissements du début n’ont pas trouvé une façon de se poursuivre, évitant ainsi un pathos hurlant. On se perd, trop de monde, trop de blabla, ça hurle trop. On se met à évaluer le travail de ces tous jeunes comédiens et on est tout de même content. La mise en scène aurait dû concentrer, raccourcir davantage ce texte, pour que Merlin ou la terre dévastée ne nous dévaste pas autant. C’est vraiment ce second acte qui dure, dure, papote et tartine de sinistre tout ce qui bouge, avec des flashs stroboscopiques pendant un temps fou. Nos personnages chéris nous tiennent encore et si on râle pour ci et ça, toute l’équipe nous a bien eu : c’est la fin et… on se dit déjà ?
© Thierry Laporte
Merlin ou la terre dévastée, de Tankred Dorst, avec la collaboration d’Ursula Ehler
Spectacle de sortie des élèves de l’École Supérieure de Théâtre de l’Union, Limoges
Traduction : René Zahnd et Hélène Mauleur
Mise en scène : Ambre Kahan
Dramaturgie : Louison Rieger
Création lumière : Zélie Champeau
Création sonore : Mathieu Plantevin
Décors et costumes : Ateliers du CDN – Théâtre de l’Union
Remerciements aux Célestins – Théâtre de Lyon, au Théâtre national de Strasbourg et Almé Paris pour le prêt des costumes
Avec les élèves de la Séquence 11 de l’École Supérieure de Théâtre de l’Union : Ayat Ben Yacoub, Lilou Benegui, Sidi Mamadou Camara, Justine Canetti, Samy Cantou, Hector Chambionnat, Marcel Farge, Nils Farré, Anna Mazzia, Juliette Menoreau, Inès Musial, Barthélémy Pollien, et Baptiste Thomas ainsi que les comédiennes Anna Budde et Cyrielle Rayet, en remplacement de Chahna Grévoz et Lila Pelissier
Production : École Supérieure de Théâtre de l’Union
Coproduction : Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin et la Compagnie Get Out
Coréalisation : Les Plateaux Sauvages
Le texte est paru chez l’Arche Éditeur, en 2005
Du 22 au 26 septembre 2025
À 19h30
Durée du spectacle 3h30 avec entracte
Les Plateaux Sauvages
5 rue des Platrières
75020 Paris
Réservations : 01 83 75 55 70
comment closed