À l'affiche, Critiques // Marie Tudor, de Victor Hugo, adaptation et mise en scène Pascal Faber, Théâtre Rive Gauche

Marie Tudor, de Victor Hugo, adaptation et mise en scène Pascal Faber, Théâtre Rive Gauche

Oct 11, 2017 | Commentaires fermés sur Marie Tudor, de Victor Hugo, adaptation et mise en scène Pascal Faber, Théâtre Rive Gauche

© Cie 13

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Marie Tudor, cette pièce romantique en prose de Victor Hugo présentée la première fois en novembre 1833, nous montre comment l’amour, l’Etat, la confiance et l’intérêt ne se sont jamais bien entendus. La reine est folle d’un bel italien, Fabiano Fabiani, fort intéressé, lui, par l’argent et le pouvoir. Heureusement quelques fourbes, pardon, quelques fort honnêtes hommes entourant la reine vont veiller à l’ordre des choses, dans la plus grande des loyautés, et vont s’arranger pour que ce « bel » amour se transforme en un drame puissant et irréversible, contre laquelle la reine ne peut rien sauf rester jolie dans son coin, drame mêlant une autre princesse inconnue, Jane, son père adoptif, qu’elle veut épouser mais qu’elle croit mort et qui pourtant est toujours là. Un drame, oui, trois jours terribles de déclarations d’amour vraies et fausses, de calculs, d’espoirs et d’effondrements. Des cris, des coups, des menaces. La vie de tous les jours à Londres chez la reine. Le talent inépuisable de Victor Hugo, pour lequel on a aucun doute, et celui de Pascal Faber, qui nous plonge dans cet univers, façon baguette magique presque, nous emportant si près et si loin en un instant, trois jours et quelques siècles à travers lesquels nous flottons, sortant de là avec ce bouquet superbe d’histoire, de drame, de romantisme. Une heure trente et on a l’impression d’une poignée de minutes seulement, tant la vivacité et le talent des comédiens et comédiennes nous emportent. La simplicité est là, forte et puissante, mettant en avant le talent gigantesque de Victor Hugo, bien évidemment, auteur de ces mots fous portés par le talent resplendissant et résonnant de ceux qui vont faire vivre Marie Tudor, Simon Renard, Fabiano, Jane et les autres. En allant voir Marie Tudor, on trottine très confiant, on s’imagine déjà ce qu’on va revoir, ressentir. Eh bien non. On est emporté, saisi. On n’est plus assis sur du velours rouge dans un théâtre parisien mais à Londres, ne sachant pas qui sera décapité demain. Le temps n’existe plus, il fait de nous ce qu’il veut, grâce au talent multiplié par six qui se déploie sur cette scène si proche. La simplicité est là elle aussi, à travers les costumes, les décors. Tout soutient tout. Cela peut être dangereux parfois, l’effondrement sait être rapide et inéluctable. Là il n’existe pas. Le public est tenu, illuminé, londonien. Les hurlements de la reine, son espoir déchu, cet amour anéanti nous entraînent. On s’installe dans cette salle de théâtre un peu sûr de soi, Hugo, Marie Tudor et on dîne ensuite ? Non, après ces trois jours-éclairs pulvérisés en une heure trente, on est au XVIe siècle, éclaboussés de jalousie, de raison d’Etat et de crimes, mais la reine et l’Angleterre sont sauves. Et nous, du coup bien rassurés dans le métro, la seule hésitation restant la date, nous sommes en octobre 1833 ou 1553 ?

Marie Tudor, de Victor Hugo

Mise en scène Pascal Faber

Avec Pierre Azéma, Séverine Cojannot, Pascal Faber, Pascal Guignard Cordelier, Frédéric Jeannot, Joëlle Lüthi

Décor Doriane Boudeville, Tina Trottin
Lumières Sébastien Lanoue
Univers sonore Jeanne Signé
Costumes Madeleine Lhopitallier
Assistante mise en scène Bénédicte Bailby

Du 9 octobre au 11 décembre 2017
Les lundis à 20h

Relâche exceptionnelle le 27 novembre 2017

Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaîté
75014 Paris

Tel : 01 43 35 32 31
www.theatre-rive-gauche.com

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