Article de Victoria Fourel

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Monument de la comédie italienne, portrait d’une époque et d’un sujet imposant, Mariage à l’italienne est une pièce connue et reconnue autour de la place de la famille, de l’argent, et des femmes, aussi. Filumena, maîtresse de Domenico depuis 25 ans va user de stratégie pour pousser son amant à l’épouser : les fils qu’elle a élevés avec l’argent de ce dernier.

Il y a peu de directions à prendre dans la proposition de Patrice Marie. Si certains dialogues et instants de jeu sont savoureux, il manque dans ce duel de personnalités au sommet un réel engagement entre les deux personnages, et un aller-retour constant entre le passé et le présent, l’amour et la méfiance. Les personnages secondaires mériteraient aussi de moins commenter ce qui se passe et de davantage s’en sentir partie prenante. En effet, tout manque de force et d’engagement. Sans pour autant que l’on soit complètement insensible à ce qui se trame, on aimerait que cela bouge, que cela soit surprenant, moderne. On aurait aimé laisser tomber les bribes d’accent italien surfait restantes dans le jeu pour se concentrer sur des choses plus fortes : l’attraction folle qui demeure, la machination et l’humour noir, le plaisir de tramer.

De la même façon, les quelques passages au cours desquels Filumena se raconte, elle, son passé, son parcours, ce qui l’a poussé à devenir cette drôle de maîtresse sûre de son plan et de son pouvoir, tourne à la caricature, lorsqu’elle entre seule sous la lumière, sur fond de violon. Et lorsque l’on entre dans la phase de réconciliation et d’amour retrouvé on ne sait trop qu’en penser, tant les scènes manquent de folie, de vigueur.

Pourtant, le plaisir est là, on le sent, une joie du plateau transparaît, joie qui devrait transpirer et nous atteindre, dans ce spectacle entre sérieux et franche folie. Pour atteindre cet entre-deux, et ne pas rester sur une redite, il aurait fallu créer de réels personnages jamais vus, écrire ce plateau comme un ring, comme une cellule, comme un lieu de combat. Et ainsi nous surprendre et nous rendre spectateur de ce mariage à l’italienne, auquel on reste un peu extérieur.

Mariage à l’italienne
Texte Eduardo de Filippo
Adaptation Huguette Hatem
Mise en scène Patrice Marie
Avec Lyne Mucig, Alain Marcel, Guy Hassid, Michèle Zeitoun, Malika Zirari, Amélie Briend, Lama Hadid-Beurrier, Hugues Rivière, Enzo Bernasconi, Julian Watre

Du 5 novembre au 6 décembre
du jeudi au samedi à 21h et le dimanche à 17h.

Manufacture des Abbesses
7 rue Véron – 75018 PARIS
Métro Abbesses
Réservation 01 42 33 42 03
www.manufacturedesabbesses.com

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