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Margem, de Victor Hugo Pontes, Théâtre de la Ville, Les Abbesses

Juil 21, 2021 | Commentaires fermés sur Margem, de Victor Hugo Pontes, Théâtre de la Ville, Les Abbesses

 

© Joana Magalhães

 

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Margen, de Victor Hugo Pontes, tire une première inspiration du Capitaine des sables, de Jorge Amado. Dans ce livre, nous sommes plongés dans la vie de ces petits capitaines donc, qui pour survivre volent, menacent, tentent de se sauver à travers les mauvais quartiers de Bahia. Et qui ont peut-être une âme plus certaine du « groupe », d’une union évidente qui les fait souvent aller jusqu’au bout en tentant d’oublier la peur. En menaçant plus fort que les autres peut-être.

Victor Hugo Pontes n’en fait aucune illustration, tout ce passe actuellement, dans des familles d’accueil, il a recréé un univers et il nous y plonge dès les portes du théâtre ouvertes. Les spectateurs entrent, sont placés, et sur la scène, un groupe d’enfants, d’ados, jouent ensemble, à la balle, près d’un palmier noir, près de matelas sans nom posés au sol. Nous sommes tous là et ils commencent. En fait, ils vont nous raconter leurs vies, par touches, tout en continuant à danser, jouer. Un livre en main, ils montrent le lien entre ce bouquin qui a pu ouvrir tant de portes et ce qui se passe ce soir. Ils sont presque une vingtaine, des garçons et une fille, et débordent d’énergie ? C’est une communauté qui va parler de ses parents morts, des peurs, des larmes, qui va avouer les vols, pour manger, qui va se battre, et aussi se demander ce que c’est que l’amour, si ça existe vraiment, si c’est cette chose bizarre qui se termine au lit avant de terminer tout court ? L’union est là mais glisse de temps en temps, deux garçons ensemble ? Il faut leur casser la figure. Envie d’une fille ? Pourquoi tenter de lui demander son avis ? Du noir et du blanc, du bien et du mal. Là où ils sont en quelque sorte.

Deux micros à cour et jardin, et tous à un moment où un autre va venir se raconter un peu, commenter, devant le groupe qui danse la capoeira, court, s’entraîne ou dort. Nous, moi se superposent. Margen est né de toutes ces images de « famille recomposées », idée s’étant renforcée pendant sa mise en place, sa « création » où une « communauté », une « intimité » s’est installée d’elle-même, comme l’indique Victor Hugo Pontes. Des adolescents, au début ou presque à la fin de cette période étrange, tiennent fortement ce spectacle, mais il y a aussi des enfants, de petits parisiens, les « minis capitaines ». Les tous petits dansent et jouent au début et à la fin. Les plus grands et la plus grande nous poussent à réfléchir, nous plongent dans une tornade évidente et en même temps une union tourbillonne, les sourires et une joie certaine d’être là, sur scène. Le thème est on ne peut plus sombre, oui, mais l’envie de danser est énorme. Et Margen se termine sur un éclat de rire ! Juste une petite chose un peu négative, tout est en portugais et la traduction se diffuse sur un écran, oui, bien sûr, on connaît. Sauf qu’ici, entre voir le spectacle et lire, il faut choisir… l’écran est si proche que plusieurs spectateurs ont dû avoir les cervicales en grève à la sortie. Ceci dit, l’intensité du jeu nous rendait parfois bilingue.

 

© Joana Magalhães

 

Margen, de Victor Hugo Pontes

Texte : Joana Craveiro

Avec :  Alexandre Tavares, David S. Costa, Inêz Azedo, Hugo Fidalgo, João Nunes Monteiro, João Pataco, José Santos, Magnum Soares, MArco Olival, Marco Tavares, Tiago Ferreira, Vicente de Freitas & Adam Bonnet-Rizk, Okba Chafouh, Paco Diop-Tourette, Tom Norel, Théo Sennani

Décor : F. Ribeiro

Musique : Marco Castro & Igor Domingues aka Throes + the Shine

Lumières : Wilma Moutinho

Conseil artistique : Madalena Alfaia

 

Avec le soutien de Fundaçao Calouste Gulbenkian

 

Du 20 au 21 juillet 2021 à 20 h

Durée 1 h 20

En portugais surtitré en français

 

 

Théâtre de la Ville, Les Abbesses

31, rue des Abbesses

75018 Paris

www.theatredelaville-paris.com

 

 

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