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Madame ose Bashung, conception et mise en scène Sébastien Vion, au Cabaret Sauvage, Festival Paris l’été

Juil 14, 2023 | Commentaires fermés sur Madame ose Bashung, conception et mise en scène Sébastien Vion, au Cabaret Sauvage, Festival Paris l’été

 

© Monsieur Gac

fff article de  Denis Sanglard

Elles ont osé, ces sublimes créatures de cabaret, travestis échappés de Madame Arthur, du Secret, de feu l’Alcazar, elles ont osé, Patachtouille, Brenda Moor sous la houlette et le fouet de l’atrabilaire et impériale Corrine, orchestré par les mains baladeuses et véloces sur le piano de Charly Voodoo, au son des guitares percutantes de Christophe Rodomisto, des cordes sensuelles du quatuor Raimbow Symphony Orchestra, elles ont osé s’emparer du répertoire d’Alain Bashung et le résultat est là, subversif, provocant, abrasif, poignant, hilarant. Plongées perruques affolées et crêpées en tête dans cet univers musical sans équivalent, elles le subliment, le transcendent et le désarticulent avec panache, gouaille et sensibilité du haut de leur hauts talons effilés. Pas si folle que ça les guêpes, fines mouches même, elles bombent leur torse sous le corset, puisent dans ce répertoire à nul autre pareil des bijoux rutilants et des perles noires, des plus classiques « Osez Joséphine », « Vertige de l’amour », « La nuit je mens » … au bien moins connus sans doute « Je fume pour oublier que tu bois », « Je tuerai la pianiste » … qu’elles retailles et polissent, astiquent en orfèvres pour s’en parer et briller avec effronterie et classe de tous leur feux sacré.

©Monsieur Gac

Jamais dans l’imitation mais bien dans l’interprétation et la performance, elles empoignent avec délicatesse, disloquent et mettent à nu les textes qu’elles tirent à elles sans jamais en dénaturer l’essence. Pas de poudre de perlimpinpin malgré les paillettes, sous le strass c’est du sérieux. L’extravagance affirmée n’empêche en rien la rigueur et la profondeur, la vérité des voix. De sacré voix par ailleurs, entre blues, rock et variétoche, et ne font jamais oublier qu’ils sont des chanteurs avant toute chose et de la meilleure eau. La gravité sous le cynisme bravache apparent de Corrine, la folie furieuse et hystérique de Patachtouille, la sensualité rauque de Brenda Moor (et quelles jambes !) font merveille et de chaque chanson mises en scène un voyage en solitaire partagé par un public chamboulé, bousculé avec soumission et plaisir masochiste par Corrine, maîtresse loyale et de cérémonie, loin d’être funèbre. Chacune ou chacun comme on voudra, les notions de genres sont allégrement transgressées cul par-dessus tête, poivre à sa façon unique chaque texte et démontre sans paradoxe combien Alain Baschung était un immense auteur, d’une sensibilité écorchée, un univers entre chien et loup oscillant entre amours dézinguées et douce violence, à la marge toujours des conventions têtues, d’une poésie solaire et brumeuse, énigmatique parfois. Et ça, nos queens pailletées elles savent, qui du fond des cabarets interlopes beuglent avec un foutu talent ces amours ravagées, sublimées, fantasmées, capables de transfigurer la moindre rengaine en tragédie. On se dit que oui, il y a chez Alain Bashung l’échos blues et rock des torch-song propre au drama-queen, plus âpres que larmoyant, certes, et que ces trois-là, ajoutons Charly Voodoo, ont toute légitimité pour défendre toute griffes laquées sorties cette brève anthologie qui porte l’amour en bandoulière, pour citer Alain Baschung lui-même. C’est donc en sautoir qu’elles le portent haut, elles qui savent aussi se dépouiller de leurs attributs clinquants de vierges folles, laissant tomber perruques, plumes et falbalas pour apparaître comme la vérité toute nue sur « Madame rêve », remettant pour ainsi dire les choses à plat et sans faux plis dans un final auquel on ne s’attendait pas. Ces créatures-là, ayant pris crânes la contre-allée, sont avant tout et plus que tout de sacrés et talentueux artistes, de grandes dames de la chanson !

 

© Monsieur Gac

 

Madame ose Bashung conception et mise en scène de Sébastien Vion

Avec Brenda Moor (Kova Rea), Corrine (Sébastien Vion), Patachtouille (Julien Fanthou)

Musiciens : Charly Voodoo (piano), Christophe Rodomisto (guitare) et le quatuor à corde Raimbow Symphony Orchestra (Juliette Beliard, Adrien Legendre, Laurent Lescane, Vladimir Spach

Arrangement : Damien Chavin

Vidéo : La Garçonnière

Régie Générale : Gilles Richard

Régie son : Jean-Pierre Goncalves

Coiffeuse, maquilleuse, accessoiriste : Anna Rinzo

 

Création vu le 12 décembre au Théâtre de l’Atelier

 

21 & 22 JUILLET À 20H30
23 JUILLET À 18H

Tout public dès 10 ans

Durée 1H20

Le 23 JUILLET, prolongez la soirée avec le collectif Aïe et Corrine en guest jusqu’à 2h ! (Entrée libre pour les spectateurs de Madame Ose Bashung)

Plus d’infos sur cabaretsauvage.com

CABARET SAUVAGE
59 boulevard Macdonald

75019 Paris

réservations :  www.parislete.fr

 

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