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Macbeth d’après William Shakespeare, mise en scène  Aurélie Derbier au Théâtre du Chapeau d’Ebène, Festival d’Avignon Off  

Juil 09, 2022 | Commentaires fermés sur Macbeth d’après William Shakespeare, mise en scène  Aurélie Derbier au Théâtre du Chapeau d’Ebène, Festival d’Avignon Off  

 

 © Yassine Lemonnier

 

 

 

ƒƒ article de Victoria Fourel

On prédit le pouvoir à Macbeth. Tout commence à cet endroit-là. Car dès lors, il n’aura d’yeux que pour le pouvoir, il ne vivra que pour le pouvoir, et rien d’autre n’étanchera son désir, ni d’ailleurs, celui de sa femme. Un engrenage de folie, d’ambition et de violence qui commence par l’envie et qui ne se termine jamais vraiment.

Tout commence avec des structures métalliques et une marionnette géante. Le roi. Le pouvoir est tout de suite énorme, tentaculaire. Et dans cette ambiance, tout sera tonitruant et sombre. La mise en scène d’Aurélie Derbier nous emmène dans un univers opéra-rock où la texture et la matière sont maîtresses. Le métal, le cuir, tout nous renvoie à un univers rock sombre et très énergique. Les comédiens collent à cette énergie, les voix sortent fort, les corps sont ultra-toniques, tout bouge énormément. Presque trop, à certains endroits.

Le travail de la marionnette, lui, aussi, est très mouvant. Après le gigantisme de celle représentant le roi, de toutes petites font naître des tas de moments très secondaires, permettant des scènes dans la scène, grâce à un beau dispositif de lumières. Et enfin, des marionnettes à taille humaine créent une émotion immédiate en faisant exister d’autres personnages encore, d’une façon différente, encore. Ces procédés très divers permettent de voir le drame de Macbeth par d’autres prismes, et de décaler encore un peu plus le propos.

Ce qui peut manquer, et de façon assez nette, c’est sûrement le vide. Dans ce spectacle où la musique et les ambiances sonores sont omniprésentes, où le mouvement est permanent, on a parfois l’impression d’une course contre la montre théâtrale où tout s’enchaîne et tout file. Résultat, le texte n’est pas souvent seul à attirer l’attention, et l’on manque d’espace vide à investir, de souffle, peut-être. Bien sûr, certaines scènes installent un rythme plus lent, où l’émotion et l’imaginaire naissent. Mais c’est un peu rare, et l’on aimerait pouvoir observer, souffler, et entendre les sonorités du texte exister sans accompagnement aucun.

On retient aussi la belle interprétation de Thibault David, très investi, et un foisonnement d’idées et d’envies, dans ce Macbeth qui nous parle de la soif de pouvoir, et donc, forcément, de notre époque. Car on parle de nos cerveaux, qui, une fois qu’ils désirent, ne peuvent se détourner de leurs objectifs, aussi fous et dangereux soient-ils. Avec de si vastes sujets et de si nombreuses conversations, normal que ce spectacle ait besoin de courir vite.

 

© Yassine Lemonnier

 

 

 

Macbeth, d’après William Shakespeare

Adaptation et mise en scène : Aurélie Derbier

Marionnettes : Cléo Combe

Machinerie : Léonard Fillacier

Lumières : Karim Houari

Son : Guillaume Novella

Régie : Gabriel Derbier

Costumes : Nathalie Gueugue

Scénographie : Les Compagnons de la Scène

Musique live : Jean-Baptiste Sintès

 

Avec Thibault David, Jean-Damien Détouillon, Simon Jouannot, Pauline Sarrazin Peltier et Jean- Baptiste Sintès.

 

Du 7 au 30 juillet 2022 à 21 h 25

Durée 1 h 40

 

Théâtre du Chapeau d’Ebène
13 rue de la Velouterie

84000 Avignon

 

Réservation au 04 90 82 21 22

www.chapeaudebene.com

 

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