À l'affiche, Critiques // Macbeth, collectif Iris Theatre, Saint Paul’s Church, Londres

Macbeth, collectif Iris Theatre, Saint Paul’s Church, Londres

Juil 26, 2017 | Commentaires fermés sur Macbeth, collectif Iris Theatre, Saint Paul’s Church, Londres

© Corinne François-Denève

 

ƒƒ  article de Corinne François-Denève

 

Depuis dix ans, la troupe du « Iris Theatre » s’attache à faire jouer des pièces en plein air – comme leurs comparses d’« Antic Disposition », d’ailleurs en tournée en France cet été (http://www.ad-tour.com). C’est tout logiquement à Saint Paul’s Church, église des acteurs, à Londres, que l’Iris Theatre a posé son Macbeth au mois de juillet.

« C’est une pièce écossaise », disent les Britanniques qui passent sans s’arrêter devant la grille. C’est aussi une pièce pleine « de bruit et de fureur », dont l’intrigue se prête particulièrement bien aux décors qu’offre le lieu : un jardin anglais, un porche, et même l’intérieur de l’église, où se dérouleront le banquet, le meurtre initial, la « résurrection » de l’assassiné, et un des duels les plus importants.

Dans ces décors naturels se déploie donc le surnaturel de la « pièce maudite ». La scénographie est évidemment minimaliste, mais bien pensée (des portes, des promontoires, des arbres habillés de toiles qui peuvent figurer une tour ou l’entrée d’une demeure). La « forêt qui avance » ne sera certes faite que de branches d’arbres, mais le mouvement incessant des comédiens, qui entrainent les spectateurs à leur suite, de lieu en lieu, supplée au manque assumé de moyens. Les « monstres » sont de grossiers polyuréthanes, et font penser à Méliès, à un théâtre forain – à dessein. L’intensité des acteurs qui les habitent toutefois, dont on entend le souffle, ou la démarche mécanique, du haut de leurs échasses, en fait tout l’enchantement.

Ce Macbeth, mis en scène par Daniel Winder, fait le choix du gore et de l’effet. Pas de mièvrerie et de faux semblants dans ces scènes où gicle le sang rouge, où le spectre fait un retour façon Nuit des morts vivants, où les protagonistes se battent en ahanant, et en poussant des hurlements puissants, comme dans Game of Thrones (qui est, finalement, un peu Macbeth…). Les spectateurs se poussent sur leurs sièges, étouffent un petit cri effrayé.

Ce Macbeth spectaculaire et effréné, fantastique et théâtral, n’en oublie pas pour autant d’être fin, et il le doit à ses merveilleux acteurs. Daniel Hywel Baynes est un Macbeth frêle et transpercé de doutes, dont le regard intense devient de plus en plus hagard à mesure que la pièce avance. Il forme avec Mogali Masuku un couple délicat, dont la petitesse et la fragile beauté n’ont d’égale que leur monstruosité – le fait que la Lady Macbeth de l’Iris Theatre soit noire rend encore plus magnifique l’entreprise. Nick Howard-Brown, en Banquo, terrifie à la moindre de ses apparitions ; Jenny Horsthuis impressionne, masculine et hiératique, en Malcolm, ou en Lady Macduff, femme sacrifiée. Le reste de la distribution est à l’avenant (Linford Johnson, Matt Stubbs, Stephan Boyce).

Point n’est besoin ici de « dépoussiérer », ou de « réécrire » son classique national. Tout au plus la troupe a-t-elle fondu plusieurs personnages en un pour la lisibilité de l’entreprise. Le « Macbeth » matériau n’a besoin que de bons serviteurs, l’Iris Theatre nous en fait la démonstration.

Macbeth, de William Shakespeare

Mise en scène de Daniel Winder
Avec David Hywel Baynes, Jenny Horsthuis, Linford Johnson, Matt Stubbs, Mogali Masuku, Nick Howard-Brown, Stephan Boyce

Scénographie  Alice Channon
Costumes  Anna Stances
Lumières  Benjamin Polya
Musique et sons  Filipe Gomes

Du 21 juin au 29 juillet
19 h 30
Durée environ 2 heures

St. Paul’s Church
Covent Garden – London, WC2E 9ED

http://iristheatre.com/event/macbeth/

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