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Ma jeunesse exaltée, texte et mise en scène d’Olivier Py, Au Théâtre des Amandiers de Nanterre

Nov 24, 2023 | Commentaires fermés sur Ma jeunesse exaltée, texte et mise en scène d’Olivier Py, Au Théâtre des Amandiers de Nanterre

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

ƒ article de Denis sanglard

Trop, c’est trop. Et comme le résume parfaitement Arlequin, « c’est un peu trop long et méchamment verbeux ». Rectifions quelque peu, vraiment trop long et atrocement verbeux. Tenter de résumer Ma jeunesse exaltée est impossible. C’est une épopée, comme Olivier Py les aime, on risque de s’y perdre et d’ailleurs on s’y est perdu. On y parle d’amour, de politique, d’art, de théâtre, de religion, d’enfer et de résurrection. Et de la jeunesse, celle d’aujourd’hui. On y croise un évêque homosexuel, une sœur défroquée, un ministre de la culture et son conseiller, homosexuels, une tragédienne, un homme d’affaire bientôt président de la République, un poète culte mais oublié, et quatre jeunes qui rêvent de faire théâtre. Amour, ambition, chantage et trahison, désillusion et rédemption. Au centre de ce maelstrom, Arlequin, livreur de Pizza, dont le poète Alcandre tombe amoureux. Ces deux-là décident de monter un canulard pour démontrer la vanité de toute chose. Les débuts d’Arlequin, La trahison d’Arlequin, La mort d’Arlequin et le triomphe d’Arlequin, sont les quatre volets de cette épopée grandiloquente et farcesque, épuisante.

Las ! ce qui nous avait exalté dans La Servante, dont Ma Jeunesse exaltée serait un contre-point, Olivier Py reprend le même décor, n’est plus ici qu’une boursoufflure ampoulée par une logorrhée verbale qui nous étouffe et qui ne nous parvient plus. Résumé par une spectatrice agacée « Il y a trop de mots, je ne vois plus rien !». Oui, trop de mots tue le verbe et qui trop embrasse mal étreint. Ce qui faisait la singularité, l’originalité d’Olivier Py, ce pourquoi on l’aimait, ce pourquoi on lui pardonnait, devient ici son pire défaut et notre ennemi. L’emphase l’emporte sur la poésie. Le lyrisme finit par sonner creux et le glas d’un talent certain qui se mue en procédé. Olivier Py emporté par son verbe, aveuglé par lui, qu’il semble se refuser ici à maîtriser, à vouloir absolument tout dire en un seul élan dramaturgique se perd et nous laisse au bord du chemin, désorientés. Les monologues deviennent prêches et discours verbeux, abscons, qui semblent ne jamais vouloir finir et notre écoute s’étiole au fur et à mesure. Pire, il s’en dégage aussi une démagogie que l’on peut trouver déplacée. Un cynisme à dénoncer avec la virulence de la farce un système politique et culturel dont lui-même profite. Cela met franchement mal à l’aise… Et son exaltation ne nous fait pas exulter.

Pourtant la mise en scène ne souffre pas d’un épuisement malgré sa longueur. Dynamique et fluide sans fléchissement elle tient aussi par l’engagement sans faille des comédiens, tous parfaits qui de cette partition ardue s’en tirent avec honneur. En premier lieu Bertrand de Roffignac, Arlequin, d’une folle énergie, d’une grande plasticité expressive et physique. Virevoltant dans la pure tradition du zanni, jouant de son épuisement. Un talent brut. Et on retrouve avec plaisir Céline Chéenne, qui fut de l’aventure de La servante, irrésistible dans les deux rôles qu’elle alterne, en tragédienne sur le retour et en sœur Victoire.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

Ma jeunesse exaltée, texte et mise en scène d’Olivier Py

Avec : Olivier Balazuc, Damien Bigourdan, Céline Chéenne, Pauline Deshons, Emilien Diard-Detoeuf, Xavier Gallais, Geert van Herwijnen, Julien Jolly, Flannan Obé, Eva Rami, Bertrand de Roffignac, Antoni Sykopoulos

Scénographie, costumes, maquillage : Pierre-André Weitz

Lumière : Bertrand Killy

Son : Rémi Berger Spirou

Chanson originale (parole et composition) : Olivier Py

Composition musicale et percussion : Jullien Jolly

Composition musicale et arrangements : Antoni Skypolos

Assistanat à la mise en scène : Guillaume Gendreau

Assistanat aux costumes : Nathalie Bégue

 

Les 11, 12, 18 et 19 novembre 2023

Vu le 18 novembre

Durée 10h avec trois entractes

 

Théâtre Nanterre-Amandiers

7 avenue Pablo Picasso

92022 Nanterre

 

Réservations : www.nanterre-amandiers.com

 

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