À l'affiche, Critiques // Loretta Strong, de Copi, jeu et mise en scène de Maïté Lottin, au Théâtre la Flèche

Loretta Strong, de Copi, jeu et mise en scène de Maïté Lottin, au Théâtre la Flèche

Fév 04, 2020 | Commentaires fermés sur Loretta Strong, de Copi, jeu et mise en scène de Maïté Lottin, au Théâtre la Flèche

 

© Marie Charbonnier

 

 

ƒ article de Denis Sanglard

Allô la terre ?! Dans sa navette spatiale Loretta Strong est en route pour Betelgeuse pour semer de l’or. Son coéquipier Steve Morton vient de mourir. La terre ne répond plus, explosée par des hommes-singes de l’étoile polaire. Loretta Strong, perdue dans l’espace, divague. Monsieur Drake ne répond plus, les vénusiens attaquent, des rats la féconde, Loretta Strong accouche de mystérieuses créatures hybrides, mange son coéquipier, et au bout du fil parle une mystérieuse Linda… Pièce extravagante du génial Copi, sans queue ni tête, objet théâtral pas vraiment identifié, coquecigrue fantastique et saut dans l’inconnu pour qui s’aventure dans cet espace intersidéral, cette planète née de l’imagination d’un argentin capable de vous la jouer nu, peint en vert et sexe en rouge, ou habillé en boniche hitchcockienne, d’en faire une demi-heure comme trois. Maïté Lottin s’attaque bravement à ce texte monstre, capable de vous engloutir, vous bouffer tout cru, ou de vous faire grimper au pinacle et atteindre le firmament. Bon, là, nos sentiments oscillent entre les deux. Maïté Lottin ne manque pas d’énergie, un peu trop sans doute. Ça finit par écraser toutes nuances et vous épuiser de même. Ça bouillonne et vrille dans tous les sens. C’est foutraque, borderline et parfois maladroit. On cherche en vain une direction artistique. Des idées, il n’en manque pas, c’est vrai. Entre la gazinière et le frigo, ça galope ferme. On pioche bien ici et là quelques trouvailles, trop vite abandonnées, jamais vraiment exploitées ou conduites jusqu’au bout. Il y a quand même un emprunt au Mummenchanz fort à propos et qui surprend agréablement. Le texte, c’est vrai, part en apparence dans tous les sens et ce qui manque ici c’est de relier cet éparpillement où à défaut, entre chaque séquence, trouver une transition. C’est dans ces articulations-là que tout se joue, articulations propres à toutes métamorphoses, pour ne pas en rester collé au texte trop parcellaire. C’est là, dans ce vide, que la mise en scène et le comédien font leur nid. Et c’est ce qui manque cruellement. Les séquences s’enchaînent, plaquées, entrechoquées les unes contre les autres. Maïté Lottin ne joue que le texte, rien que le texte qui n’est pourtant chez Copi qu’un prétexte pour l’envol d’un acteur protéiforme, capable de vous l’empoigner et de le faire décoller vers l’infini et au-delà… Transition qui permettrait également de respirer un peu et de ne pas avoir ce sentiment permanent d’apnée, d’asphyxie. Et dans ce décor cheap, fait de bric et de broc, dont elle tire parti au mieux (mention spéciale pour un simple bâton de bois métamorphosé en tableau de bord, comme quoi au théâtre il suffit d’un rien…) Maïté Lottin se démène mais toupille, en orbite sur elle-même. Ce n’est pas sans qualité, c’est vrai, mais il aurait fallu un vrai regard extérieur exigeant pour amener le personnage et la pièce dans une autre dimension, faire de ce plateau de théâtre un vaisseau spatial capable de vous embarquer bien plus loin que la réalité du texte.

 

© Marie Charbonnier

 

Loretta Strong de Copi

Jeu et mise en scène Maïté Lottin

Collaboration artistique Elodie Guibert

Lumières Solange Dinand

Scénographie Lucie Meyer

Costumes Léa Emonet

Compositeur Martin Poncet

 

Tous les samedis jusqu’au 28 mars 2020 à 19 h

 

 

Théâtre La Flèche

77 rue de Charonne

75011 Paris

Réservations 01 40 09 70 40

info@theatrelafleche.fr

 

 

 

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