© Sarah Coulaud

ƒƒƒ Article de Nicolas Brizault

L’Opéra Panique, mis en scène ici par Ida Vincent, est chargé de la force, de la folie et de la vivacité de son auteur, Alejandro Jodowrosky. Ecrite en 2001, ce texte est surchargé de personnages tâchant de résoudre avec un humour décalé leurs infinies difficultés, ou bien d’affirmer que la vie en fait est belle et facile et que c’en est une horreur tellement c’est vrai ! Il y a 26 personnages, quelques objets, comme carottes ou instruments de musiques, et quatre tabourets. L’essence même du spectacle est un humour à la fois vif et surprenant, décalé, avec un rythme rapide et qui nous entraîne.

On pense savoir comment ces cinq trublion(ne)s vont nous amuser simplement. C’est ne pas connaître les rebondissements de Jodorowsky, sa poésie, ses jeux sur l’absurde. Le vrai, le faux, tout ce qui se mélange, de ce minuscule qui soudain devient gigantesque et sans poids. Ida Vincent ajoute à tout cela sa propre simplicité, et tout fonctionne. On se laisse prendre, emporter. Les scénettes se suivent, deux hommes, deux femmes et celle qui tient la baguette magique, qui discrètement soutient l’ensemble.

Une certaine spiritualité sort de cette représentation que l’on pensait amusante seulement. Ces cinq personnages, axés sur un rythme pourtant trompeur nous guident sans le montrer vers le bien, vers le bonheur, sur comment faire pour. Et tous les cinq réussissent. Leurs talents se rejoignent, la musique, la voix, les acrobaties, et partout une spontanéité entraînante. Les uns contre les autres, les uns avec les autres, pourrait-on dire… Une pièce où l’on sent la mécanique huilée, l’attention, le rythme, tout est soutenu, sans aucun risque, hélas pourrait-on dire. Un peu trop ligoté, des habitudes ? On peut y penser une fois loin de la salle, en cherchant scrupuleusement à éviter les louanges. Mais malheureusement, sur place, on se laisse prendre, emporter, la légèreté ne nous étouffe pas, bien au contraire. L’Opéra Panique oui, fait du bien.

L’Opéra Panique, d’Alejandro Jodorowsky

Mise en scène Ida Vincent
Avec Aline Barré, Anaïs Castéran, Tullio Cipriano, Cécile Feuillet, Johan Proust, Ida Vincent
Ce texte a été traduit par Brontis Jodorowsky et est publié chez Albin Michel

Les jeudis, vendredis et samedis jusqu’au 17 mars 2018, à 21h30
Durée 1h20

Essaïon Théâtre
6 rue Pierre-au-Lard (à l’angle du 24 rue du Renard)
75004 Paris

Métro L1 Hôtel de Ville, L11 Rambuteau
L4, L7, L11 Châtelet

Réservations 01 42 78 46 42
www.essaion-theatre.com

Au festival off d’Avignon

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