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L’Opéra de quat’sous, de Robert Wilson et Kurt Weill, au théâtre des Champs-Elysées

Oct 28, 2016 | Commentaires fermés sur L’Opéra de quat’sous, de Robert Wilson et Kurt Weill, au théâtre des Champs-Elysées

ƒƒ article de Florent Mirandole

Bertolt Brecht DIE DREIGROSCHENOPER musik von Kurt Weill Regie , Bühne Lichtkonzept : ROBERT WILSON Musikalische Leitung , Korrepetition : Hans-Jörn Brandenburg ,Stefan Rager Kostüme : Jacques Reynaud Mitarbeit Regie : Ann-Christin Rommen Mitarbeit Bühne : Serge von Arx Mitarbeit Kostüme : Yashi Tabassomi Licht : Andreas Fuchs Ton : Jens-Uwe Neumann Dramaturgie : Anika Bárdos , Jutta Ferbers BERLINER ENSEMBLE premiere 27.September 2007

© L.Leslie-Spinks

Les vagabonds s’installent sur la scène du Théâtre des Champs Elysées. Le Théâtre de la ville reprend le spectacle L’Opera de quat’sous créé en 2007 par Robert Wilson et Kurt Weill et l’installe pour cause de travaux au théâtre des Champs Elysées. Cet Opéra mettant en scène une joyeuse troupe de vagabonds n’en est que plus amusant. L’histoire raconte le destin du Macheath, le prince des vagabonds un tantinet truand, qui a décidé de se marier avec Polly. Mais les parents de Polly, petits-bourgeois qui exploitent la misère des rues, s’élèvent contre ce mariage, et secouent la police berlinoise pour faire tomber ce magnifique truand.

Cet Opéra n’est décidemment pas ordinaire. C’est d’abord une œuvre incroyablement complète. Il est servi par les comédiens excellents du Berliner Ensemble. La troupe ne laisse aucun personnage de côté, et chacun peut apporter un peu d’épaisseur à son caractère, que ce soit le chef de la police à la voix de stentor jusqu’à la prostituée rejetée. Le couple central brille toutefois particulièrement dans cette version. Les deux comédiens se saisissent de leur personnage avec passion, pour créer deux amants magnifiques d’humour et de légèreté. Macheath d’abord, fait parti de ces truands qu’on adore aimer. Parce qu’il réussit à transformer son trou à rat en un palais somptueux, et sa bande de malfrats patibulaires en une joyeuse troupes dégingandées. Alternant entre la légèreté d’un Fred Astaire et les claudiquements de Charlot, Macheat est un personnage résolument fascinant. Sa compagne, la jeune oie blanche Polly, interprétée par Johanna Griebel, est tout aussi convaincante, maniant les lamentations tendres et les fausses naïvetés avec plaisir.

L’originalité de cet Opéra ne serait rien sans la musique de Kurt Weill. L’orchestre s’en donne à cœur joie dans l’accompagnement joyeux de cette aventure. Il ajoute à la trame musicale des ponctuations sonores souvent drôles et à propos, qui réussissent à apporter une atmosphère burlesque à la pièce. Si Kurt Weill apporte le rythme à la pièce, Robert Wilson l’habille d’une patine magnifique. Passé maitre dans la maitrise et la conception de ses pièces, le plasticien américain dessine ici chaque scène de repères visuels frappant. Ainsi les étagères lumineuses du magasin des parents de Polly, le couple Peachum, témoignent bien de l’agressivité et de la froideur du couple. Tout comme les drapés rouges du bordel londonien plonge d’emblée la salle dans l’atmosphère sirupeuse mais menaçante d’un bordel.

Mais la beauté de cette pièce vient également de son caractère hybride. Car si Robert Wilson est un plasticien reconnu, il s’est également inspiré de l’esthétique des années 1920, époque pendant lesquelles a été écrite la pièce. Ainsi on retrouve une atmosphère de cabaret enfumé, ou Marlene Dietrich aurait pu chanter L’Ange Bleu. Si la joyeuse troupe enchante chaque scène, leur maquillage noir et blanc rappelle bien l’esthétique inquiétante de l’expressionisme allemand et des lignes rugueuses du Bauhaus. Le message social de la pièce, la dénonciation de l’exploitation de la misère par la bourgeoisie, peut alors percer.

L’Opéra de quat’sous

Mise en scène, décors, lumières Robert Wilson
Direction musicale Hans-Jörn Brandenburg, Stefan Rager
Collaboration à la mise en scène Ann-Christin Rommen
Costumes Jacques Reynaud
Dramaturgie Jutta Ferbers, Anika Bárdos
Lumières Andreas Fuchs, Ulrich Eh

Avec

Jürgen Holtz  J. J. Peachum
Traute Hoess  Celia Peachum
Johanna Griebel  Polly Peachum
Christopher Nell  Macheath
Axel Werner  Tiger Brown
Friederike Nölting  Lucy Brown
Angela Winkler  Jenny
Georgios Tsivanoglou  Filch
Luca Schaub / Ulrich Brandhoff  Walter
Martin Schneider  Matthias
Boris Jacoby  Jakob
Winfried Peter Goos Bob
Raphael Dwinger / Dejan Bucin  Jimmy
Jörg Thieme  Ede
Uli Pleßmann  Smith
Michael Kinkel  Kimball
Anke Engelsmann  Betty
Ursula Höpfner-Tabori  Une vieille prostituée
Marina Senckel  Vixen
Claudia Burckhardt  Dolly
Gabriele Völsch  Molly
Gerd Kunath  Un messager à cheval

Walter Schmidinger  Une voix

Du 25 au 31 octobre, à 20h (17h le dimanche)

Théâtre des Champs Elysées
15, Avenue Montaigne – 75008 Paris
Réservations 01 49 52 50 50
www.theatrechampselysees.fr/

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