À l'affiche, Critiques // Logiqueimperturbabledufou, de Zabou Breitman, Théâtre du Rond-Point, Paris

Logiqueimperturbabledufou, de Zabou Breitman, Théâtre du Rond-Point, Paris

Mai 12, 2019 | Commentaires fermés sur Logiqueimperturbabledufou, de Zabou Breitman, Théâtre du Rond-Point, Paris

© Vincent Bérenger

 

Article de Nicolas Brizault

Logiqueimperturbabledufou a un thème tout aussi riche que puissant, complexe et parfois douloureux. Les hôpitaux psychiatriques. Les internés, les internants, ceux qui ne vont pas bien, ceux qui décident. Ceux qui errent sur leur planète, ceux qui s’affairent à ce que nous occupions tous les mêmes parkings, de la même façon, au même moment. En bref, les gentils et les méchants, leurs échanges dans ces chambres aux couleurs froides et aux fenêtres bien calfeutrées. Deux comédiens, deux comédiennes vont ainsi passer sans cesse du malade au médecin, de l’infirmière à l’en-camisolé, de la vérité aseptisée, à celle aléatoire et toute sale, si drôle, hahaha.

L’idée est pourtant bonne, intéressante même, et cependant Vol au-dessous d’un nid de coucou, s’il passait par là, a bien dû rire. D’effroi. Surveillons de plus près les malades et leurs geôliers. Pardon, comment dit-on déjà ? (Oui, je n’aurai pas souhaité être toubib ce soir-là…) Les quatre rigolard(e)s ont du talent, c’est évident et c’est même ce qui peut retenir ici ou là sur son siège. Pour le reste, mise en scène sous perfusion. Avec sans aucun doute un tube bouché quelque part : on nous met avec brio en place une saynète « opposant » soignant et malades. Ils font si et ça. Certes. Puis ça recommence un peu plus loin, avec deux trois éléments entre, qui seront redondants, pas de panique. Et zou, idem un peu plus loin, pour rire.

Par contre quelques très beaux moments quand on sent la fatigue, l’incompréhension d’un côté ou de l’autre, les maux portés par les mots (facile, j’en profite !), et cette répétition qui ici ou là illumine le talent, la force des aides-soignants et aides-soignants, infirmiers et infirmières, qui doivent faire face toute la journée à ces individualités changeantes, fortes, parfois innocemment répétitives (elles), qui peuvent se sentir perdues, à l’hôpital pourquoi ?, etc. C’est sans doute le sens qui est recherché dans Logiqueimperturbabledufou. Et pas trouvé.

On utilise des « costumes surprises », sans prévenir, on ne s’y attend pas une seconde, non, non, non tant est fine leur création dans cette histoire de fou : chapeau magiques, oreilles de lapin géantes, et, devinez quoi… non ? tout de même pas ? si, un entonnoir, sinon ce n’est pas drôle. Et tout ça aussi aura la bougeotte et reviendra. Lassant, faible, pour ne pas dire consternant. Les quatre se plongent dans des essais (répétés, répétés, répétés) de salto avant, arrière, sur l’arrière bord du milieu en face, les uns par-dessous/dessus les autres. Hum… un brin de talent, je ne sais pas de danseur par exemple aurait ici été le bienvenu, éloignant une lourdeur certaine et malheureuse et qui aurait ouvert la porte à une certaine poésie. Il n’était pas là ce talent-là. Boum-Boum… Et puis, allez si, j’y vais : une chanson fait sa ronde. Bin… elle est en anglais, comme toutes les chansons utilisées au théâtre, parce que sinon ça ne fait pas chanson. (Un autre souci, cette fois aucunement lié à la mise en scène ce soir en faillite, mais à la mode technique actuelle : le son. Avant, au théâtre, on n’entendait jamais rien, c’est bien connu, alors une fée a inventé un système très joli qui barre tous les visages, pour leur donner plus de charme, d’une barrette style sonotone se faisant la malle. Cette fois-ci, nous y avons eu droit, oui, bien sûr. Avec en plus un réglage donnant l’impression que le son tâchait avec douleur, voire réticence, de sortir de nos cervelles, en suppliant des tonnes de coton de le laisser passer. Magnifique !).

On peut se douter que cette pièce est sensée faire rire, se moquer gentiment du malade, avec plus de picotement du personnel hospitalier. Nous faire capter toutes les errances, douleurs qui s’y trouvent. C’est raté. La malheureuse redondance n’a pas encore de traitement et la douleur est là. Nos logiques sont fort éloignées. Au secours !

 

© Vincent Bérenger

 

Logiqueimperturbabledufou, textes, adaptation et mise en scène de Zabou Breitman

Librement inspiré du travail documentaire de  Ilan Klipper, Anton Tchekhov, William Shakespeare
Quelques mots de  Zouc
Et de textes de Zabou Breitman
Assistanat à la mise en scène  Pénélope Biessy, Diane Derosier
Chorégraphie  Gladys Gambie
Acrobatie et chorégraphie  Yaung-Biau Lin
Clown  Fred Blin
Décor et scénographie  Audrey Vuong, Zabou Breitman
Costumes  Cédric Tirado, Zabou Breitman
Lumières  Valentin Paul, Zabou Breitman
Son  Grégoire Leymarie
Réalisation son  Tiphanie Bernet
Régie générale  Simon Stehlé
Régie plateau et habillage  Amina Rezig

Avec Antonin Chalon, Camille Constantin, Rémy Laquittant, Marie Petiot

 

Salle Jean Tardieu

Du 9 mai au 2 juin 2019

 

Du mardi au samedi à 21h

Le dimanche à 15h30

Relâche les lundis et le 30 mai 2019

 

Durée 1h15

 

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt

75008 Paris

 

Réservation T+ 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed