© Jean-Louis Fernandez
ƒƒ article de Nicolas Brizault
Nous sommes dans sa salle du Lavoir Moderne Parisien, vautrés presque et c’est tant mieux dans de presque larges, et profonds en tout cas, fauteuils. En face, une mini serre, comme posée sur une estrade carrée, un manteau plus qu’usé et un sceau suspendu, en plein milieu. Un homme arrive, évidemment passe sous ce sceau, le renverse et tombe sous le poids, non d’une eau claire qu’on imaginait un peu facilement, non, sous celui d’une terre, légère et sombre. Et tout commence, Sébastien Depommier se plonge dans ces textes pour le moins profonds de Victor Hugo, revus et reconstruits par André du Bouchet.
Ce personnage, au visage couvert de cette terre étrange, est sombre, comme submergé aussi par ce qu’il nous dit. Il nous dénonce, se dénonce, nous avertit, il se bat, se suspend avec le manteau en question. L’effet de la terre semble devoir être victorieux, car il recommence, encore, encore. Et partage même avec le public, cette terre, dans un instant assez beau. Et les mots, les mots. Forts bons et forts bien dits, « évidemment bien-sûr, bien-sûr évidemment » comme pouvait le chanter Barbara. Sauf que là, au bout d’un moment on lâche prise. Et c’est dommage, le talent est là certainement, la puissance, mais la « récidive » est lassante ici. Les derniers moments le prouvent parce qu’ils rebondissent, prennent une autre voie, une route tout autant étouffante mais cette fois faisant en sorte que les images avancent, ne soient pas évidentes. Et qu’elles nous prennent.
Nous le disions, presque rien dans cette salle pour L’œil égaré juste ce qu’il faut néanmoins. La voix de Sébastien Depommier, si elle pouvait être plus « multiple » ou « multipliée » mettrait davantage les spectateurs en plein dans ce texte. Ils le sont déjà beaucoup grâce à ce décor à la fois minimaliste et surpuissant. Le talent, les talents et les idées sont là, Hugo s’amuse et s’enterre, mais un peu plus de souffle, de coups, et nous tomberions au sol, nous aussi couverts de terre.
© Jean-Louis Fernandez
L’œil égaré, conçu par Sébastien Depommier et Muriel Vernet, d’après Victor Hugo
Texte d’après le recueil d’André du Bouchet, de fragments poétiques inachevés de Victor Hugo et de l’adaptation réalisée par Madeleine Marion et Redjep Mitrovitsa
Interprétation : Sébastien Depommier
Collaboration artistique et mise en regard : Muriel Vernet
Régie Générale et Création Lumière – Version Intérieure : Julien Cialdella
Création Lumière – Version Extérieure : Léo Vancutsem
Création Son : Lucas Lelièvre
Régies Lumière et Son : Hadrien Marielle-Trehouart
Du 2 au 6 février 2022
Mercredi à samedi, 21 h et dimanche 17 h
Durée : 1 h
Lavoir Moderne Parisien
35, rue Léon
75018 Paris
Contact :
Tel. 01 46 06 08 05
www.lavoirmoderneparisien.com
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