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Locomoción templar et templete, conception et chorégraphie Israel Galván, au Théâtre de la Ville / Les Abbesses

Fév 17, 2024 | Commentaires fermés sur Locomoción templar et templete, conception et chorégraphie Israel Galván, au Théâtre de la Ville / Les Abbesses

 

© Christina Bernal

ff article de Denis Sanglard

Ce qui est bien avec Israel Galván, bien et toujours déroutant, c’est que nous ne savons jamais sur quel pied danser. Le flamenco est toujours avec ce danseur un objet expérimental, évolutif, exploratoire, ou le respect de la tradition la plus austère et de sa maîtrise s’accompagne d’une fronde hardie pour pousser cette danse dans ses retranchements, la faire sortir de ses gonds, voire la frotter à d’autres univers chorégraphiques ou non. Celui qui se définit comme un bailaor qui fait du bruit n’est jamais vraiment là où on l’attend. Pour preuve sacrément culottée d’oser débouler sur le plateau du Théâtre des Abbesses en pantoufles. Image pour le moins saugrenue. Avant de s’en défaire, quand même, et pieds nus entamer une première danse sur un matelas gonflable ! Plateau inattendu et peu stable qui entraîne un déséquilibre certain qu’il faut contrebalancer, soulignant par contraste une silhouette droite et découplée, entre tension et relâchement, au bras déliés. Mais l’important est ailleurs. Dans le frottement sourd des pieds ripant sur cette matière singulière et le son engendré avec lequel il compose et chorégraphie au débotté. On peut définir cette création de bruitiste, de percussive pour être exacte, dans le sens où Israel Galván joue des matières, plateau de bois ou plaque de métal, table renversée aux lamelles grinçantes, que percutent,tambourinnent, grattent, caressent, foulent, écoutent (oui !) ses pieds, chaussés ou non, qu’il explore pour ses possibles sonorités et fait entrer en résonnance avec sa danse quand elles ne la déterminent pas. Paysages sonores aléatoires et contrastés, au rythme imprévisible, qu’accompagnent deux musiciens, Antonio Moreno (percussions) et Juan Jimenez Alba ( saxophone et instruments à vents) en dialogue avec les propositions imaginatives d’Israel Galván. Musique populaire de fanfares, des marches funéraires ou de pénitents… Un vacarme parfois assourdissant tempéré par les interventions en espagnol et en français d’Ilona Astoul, jeune comédienne de la troupe du Théâtre de la Ville, lisant poèmes et notes sur le templar ou des extraits de La métamorphoses de Kafka. Quand elle n’esquisse pas elle-même quelques pas de Flamenco. Le templar, cet instant se suspension avant le geste, de concentration ultime ne durant parfois qu’une poignée de seconde, tension qu’Israel Galván prolonge jusqu’à son point de rupture inévitable. Seul très bref instant de silence absolu, de souffle retenu, avant l’explosion d’une danse racée, débridée, inventive, d’une précision maniaque, d’une liberté franche et absolue que la tradition ne contraint nullement. Jubilatoire et percutant !

 

© Christina Bernal

Locomoción templar et templete, conception et chorégraphie Israel Galván

Son : Pedro León / Felix Vázquez

Lumières : Valentin Donaire

Direction technique : Pedro León

Régie plateau : Balbi Parra

Management : Rosario Gallardo

Avec : Israel Galván

Antonio Moreno (Percussions), Juan Jimenez Alba ( saxophone et instruments à vents), Ilona Astoul

 

Jusqu’au 24 février 2024

A 20h, le dimanche à 17H

 

Théâtre de la Ville / Les Abbesses

31 rue des Abbesses

75018 Paris

 

Réservations : 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

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