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L’homme hors de lui, texte et mise en scène Valère Novarina, La Colline

Sep 22, 2017 | Commentaires fermés sur L’homme hors de lui, texte et mise en scène Valère Novarina, La Colline

© Simon Gosselin

ƒƒƒ Article de Nicolas Brizault

Pour Valère Novarina, L’homme hors de lui, dont c’est la création à la Colline, « ouvre le toit de la cabane humaine ». D’une façon surprenante, un bonhomme, joué par le fort plastique, rapide et condensé Dominique Pinon nous raconte à flot continu sa mort, sa vie et le contraire, se reprend, laisse la place à un homme plus posé (« l’ouvrier du drame » Richard Pierre, qui ici prend quasiment un véritable « rôle ») ou bien chante, accompagné de l’accordéoniste Christian Paccoud. La simplicité s’efface, la douceur s’annihile, tout éclate et continue. Normal, le premier titre envisagé avait été Le vivant malgré lui « une offensive contre les sciences humaines ». La guerre, la bagarre, la dispute contre tout et son contraire.

Dominique Pinon fait peur, séduit, enchante et explique tout pour s’assurer que l’on ne saisisse pas grand-chose, enfin pas tout de suite, que des rires fassent échos dans la salle, parfois à des moments surprenants. Oui, est-ce un spectacle drôle ou terrifiant ? Des mots à l’envers, inexistants, doivent-ils toujours déclencher cette défense « esbaudissante » ? Parfois c’est évident, parfois moins. C’est là où justement nous sommes « pris », nous ne savons plus trop où nous sommes, ni avec qui, ni comment, ni pourquoi, épilepsie douce sur scène qui nous pulvérise de perdition, avec des mots et des dessins, des lignes, des couleurs.

Car les grandes toiles sont déjà nées, elles vont et viennent, s’enchaînent et se séparent. On les pense toutes isolées au départ, mais non, bien au contraire, elles ne font qu’une(s). Et représentent tout, l’opposé, le vide. Regardez ailleurs s’il vous plaît. Elles sont les sœurs jumelles de ce texte bouillonnant  justement. Cette idée de mêler peinture et acteurs est arrivée à Valère Novarina lors d’un travail avec le Haïtien Jean-Marc Mondésir, pendant la répétition d’une pièce. Mondésir travaillait et Novarina s’est mis à peindre au sol. Et il a vu à partir de ce moment un lien entre « le pinceau et la plume » et il a développé ce mouvement-idée-action de « peindre des figures qui leur fassent peur au lieu de leur parler ».

Tout débute sur un châssis vide jeté au sol. Les autres toiles sont tournées contre le mur, des « sert à rien » puis panneaux peints, paravents, longue histoire dans tous les sens. Balançoire, autoroute et mots magiques de Novarina, tout est là. Surprise coup-de-poing qui grandit et ouvre un sentiment fort étrange : le bonheur. Un sentiment qui dérange sans aucun doute car nous avons tous tenté de lui faire la peau à la fin sous une pluie de claques au nom étrange et retentissant d’applaudissements.

 

L’homme hors de lui, Valère Novarina

Texte et mise en scène et peintures Valère Novarina

Avec Dominique Pinon

Musique Christian Paccoud
L’ouvrier du drame Richard Pierre
Collaboration artistique Céline Schaeffer
Lumières Joël Hourbeigt
Scénographie Jean-Baptiste Née
Dramaturgie Roséliane Goldstein
Costumes Céline Schaeffer, assistée de Marion Xardel
Régie générale Richard Pierre
Assistante de l’auteur Sidonie Han
Production/diffusion Séverine Péan / PLATÔ
Construction du décor Atelier de La Colline

Durée 1h10

Production
L’Union des contraires
coproduction La Colline – théâtre national
avec le soutien du ministère de la Culture

Ce texte sera publié aux Editions P.O.L.

Du 20 septembre au 15 octobre 2017 dans le Petit Théâtre
Du mardi au samedi à 19h30 et le dimanche à 15h

Réservations 01 44 62 52 52

La Colline – théâtre national
15 rue Malte-Brun
75020 Paris
Métro Ligne 3, station Gambetta

www.colline.fr

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