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L’Été, de Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé au Théâtre de Vanves dans le cadre du Festival ARDANTHE

Avr 03, 2024 | Commentaires fermés sur L’Été, de Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé au Théâtre de Vanves dans le cadre du Festival ARDANTHE

 

 

 

© Floriane De Gracia

 

ƒ article de Nicolas Thevenot

 

Ils sont deux, assis, vêtus de noir, pieds et mains nus. Simplicité et radicalité du dispositif. Sur le papier, on pourrait s’attendre à voir une nouvelle version du Both Sitting Duet des compères Jonathan Burrows et Matteo Fargion. Ceux-là nous avaient proposé assez facétieusement de jouer la partition For John Cage de Morton Feldman, sans instrument ni musique. L’Été, conçu et interprété par Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé, prendra une autre voie : se concentrant sur le tube de Vivaldi, ses Quatre Saisons, et plus particulièrement sur son mouvement presto du concerto L’Été, leur pièce opère comme une loupe grossissante sur la puissance de ce morceau, de ce qu’il peut faire à nos corps (pour preuve, une spectatrice d’un certain âge elle-même secouée, comme à un concert de rock à chaque nouvelle écoute de la musique de Vivaldi, quand bien même remixée). Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé concentrent la déflagration de la musique dans le tremblement excité des seules mains, qui s’agitent jusqu’à l’effacement visuel. Elles sont comme les terminaisons nerveuses de la musique qui prendrait leur corps en main. La performance évolue par variation de vitesses mais maintient sa forme réduite et extrême contre les vents et marais de la musique. La lumière au contraire du minimalisme de cette danse de siège joue une partition azimutée, créant du chaos, dans des précipitations quasi stroboscopiques de recadrage, changements chromatiques. Eux restent à leur tâche, filant la laine de la musique de Vivaldi jusqu’à la tétanie musculaire, pareils à deux phares dans la tempête, fidèles à leurs postes. Le presto est repris et remixé par Jean-Luc Guionnet dans autant de versions insistant sur des traits particuliers de la partition originelle, un procédé et une intention comparable à la recomposition opérée par Max Richter des mêmes concertos. L’Été pose une problématique valable pour toute forme spectaculaire : celle du climax, puisque dans la partition de Vivaldi ce presto, d’une indépassable intensité, crève le ciel de son tonnerre et de sa grêle. Pour qu’un tel sommet émerge, il doit se construire et se gravir depuis une vallée, une plaine. Le pic d’intensité n’a de sens que s’il s’environne d’un moindre engagement, d’une accalmie, sans cela le pic s’émousse. La proposition de Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé tente elle le tout pour ce tout au risque de se casser le cou, ou pour le moins les poignets : L’Été est conçu à la hauteur de ce climax sans jamais vraiment en redescendre, dans une puissance qui peut finir par saturer, et où finalement les possibles images peuvent difficilement advenir. Une alarme incendie dans la salle Panopée du Théâtre de Vanves, bien involontaire et intempestive, fractura le spectacle en deux, désarçonna les deux cavaliers de leur monture. A force de vouloir mettre le feu, L’Été fut incendié.

 

© Floriane De Gracia

 

 

L’Été, conception, réalisation et interprétation de Lotus Eddé Khouri et Christophe Macé

Musique : Jean-Luc Guionnet, d’après le Presto de « L’Été » des Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi

Lumière : Structure-couple et Chloélie Cholot

Regard extérieur et production : Floriane De Gracia

Regard extérieur costumes Coco : Petitpierre

 

vu le mardi 19 mars à 19h

Durée : 40 minutes

 

Théâtre de Vanves (salle Panopée)

Théâtre de Vanves

12 Rue Sadi Carnot

92170 Vanves

réservations : 01.41.33.93.70

https://www.theatre-vanves.fr

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