© Cindy Doutres
Article de Solveig Deschamps
La salle est pleine, ça fait chaud au cœur, beaucoup d’adolescents, normal, Les petites reines, de Clémentine Beauvais, prix du meilleur roman jeunesse de 2015, a été adapté à la scène un peu pour eux, un spectacle à voir en famille, un spectacle qui peut plaire à tous : trois petites nanas, élues boudin d’or, d’argent, de bronze, à leur insu, sur Facebook, cruauté et harcèlement des réseaux sociaux, trois ados qui vont se lier d’amitié, apprendre à rire de leur « mocheté » comme elles disent, apprendre à s’assumer et oser, l’union fait la force. Elles décident d’aller en vélo à la Garden Party de l’Élysée pour le 14 juillet, sous la responsabilité du grand frère d’Hakima, invalide de guerre, en fauteuil roulant…
Par les critiques alléchée, le spectacle en a reçu pléthore et d’excellentes, tout me laissait présager un bon moment théâtral sur la réalité du monde offert aux adolescentes à travers les réseaux sociaux, les médias, une réflexion sur un monde où le paraître prédomine.
« On ne naît pas femme, on le devient » selon Simone de Beauvoir. C’est ce que dira Mireille, boudin de bronze, qui a décidé de se battre, son arme : la philosophie.
La distance et l’humour semblaient indispensables pour monter ce texte, malheureusement Justine Heynemann a opté pour le rire, pour le « faire rire » Mocheté ! Boudin ! Couilles ! Le spectateur rigole bien. Le débit est rapide, les comédiens ne sont pas toujours audibles, la musique incessante ne les aide pas. Le jeu est trop volontaire, aucun silence, aucune respiration, un peu à la manière des séries télévisées… Sauf qu’au théâtre… Pas certaine que le message féministe ait le temps de passer. Le spectateur se souviendra surtout du langage caustique des personnages.
« Kader : Ça va Mireille ?
Mireille : Très bien, juste un peu mal à l’entrejambe, normal quoi… Normal quoi ? Il va penser que je cache une paire de couilles dans mon short »
Une création qui manque de hauteur, défaut classique de certains spectacles à voir en famille, où le but, conscient ou pas, est de plaire, de caresser dans le sens du poil, en égrenant ci et là des petites pistes d’intelligence. Bien sûr, il y a de bons moments, de jolies trouvailles, les comédiens ne sont pas mauvais mais Hélas ! Trois fois Hélas ! Suis sortie un peu déprimée…
© Cindy Doutres
Les petites reines, de Clémentine Beauvais
Adaptation Justine Heynemamm et Rachel Arditi
Mise en scène Justine Heynemann
Scénographie Camille Duchemin
Costumes Camille Ait Allouache
Musique Tristan Nihouarn
Lumière Rémi Nicolas
Assistante Pauline Susini
Chargée de production Caroline Pellerin
Avec Rachel Arditi, Justine Bachelet, Barbara Bolotner, Manon Combes et Mounir Margoum
Jeudi 14 mars 2019 à 19h
Durée 1h30
Théâtre de Mâcon scène nationale
1511 avenue Charles de Gaulle
71000 Mâcon
Réservation au 03 85 22 82 99
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