À l'affiche, Critiques // Les Petites Géométries, conception et interprétation Justine Macadoux et Coralie Maniez – Cie Juscomama, au Théâtre Paris-Villette

Les Petites Géométries, conception et interprétation Justine Macadoux et Coralie Maniez – Cie Juscomama, au Théâtre Paris-Villette

Déc 17, 2019 | Commentaires fermés sur Les Petites Géométries, conception et interprétation Justine Macadoux et Coralie Maniez – Cie Juscomama, au Théâtre Paris-Villette

 

© Michael Duque

 

 

ƒƒ article de Marguerite Papazoglou

En présence : deux comparses désœuvrées, intrinsèquement agitées et loufoques — que les tout-petits prennent pour des messieurs sûrement à cause de leurs vestes de costume —, deux grands corps fantasques tout engagés dans une routine clownesque, des cubes noirs en guise de tête. Justine Macadoux et Coralie Maniez reprennent en grande partie leur spectacle des Géométries du dialogue et l’adaptent aux plus jeunes.

Pas de visage ? Rien ? Rien à faire ? Surgissent deux bouts de craie et les surfaces en ardoise noire se font support de tous les graphismes et de toutes les rêveries. À cette géométrie s’ajoute un dispositif de captation sonore à l’intérieur des cubes, qui permet de sonoriser en temps réel les états et pensées dans la caboche par un traitement électronique des voix et des sons produits sur les surfaces : les chocs, les bruits de craies, les voix et les quelques syllabes de langage détourné animent l’action. Les musiques créent immédiatement les espaces d’un voyage continu, passant de l’espace interstellaire à un jeu de tennis lunaire ou à une plongée dans les gorges déployées. Les ambiances sonores créées par Antoine Aubry sont toujours dans un ailleurs : lointain ou tout proche, au creux du monde intérieur et des émotions. Une adéquation parfaite avec l’univers développé par Justine Macadoux et Coralie Maniez.

Les deux personnages cheminent ensemble et donnent vie à une amitié et une complicité indissolubles, aux rapports changeants et parfois indéfinissables. Vierges de toute identité, ils se cherchent un visage, prenant le temps d’en explorer l’en-deçà. Repoussant indéfiniment le désir compulsif de dessiner des yeux, un nez et une bouche — et ce, même n’importe comment ! nous sommes si prêts à les voir apparaître que c’est une gageure que d’arriver à les éviter si longtemps —, elles utilisent un graphisme qui paraît aléatoire, où le sens reste ouvert et hasardeux et les identités, avec bonheur, composites. C’est assez foutraque et déglingué mais elles n’ont pas peur de l’absurdité ni du grotesque.

Le cœur de la pièce est une longue scène où les deux comédiennes assises côte à côte face au public se mettent à dessiner comme on se maquille devant un miroir, chacune sur les faces de sa « tête » puis aussi sur celle de l’autre, indéfiniment, des tableaux en mouvement comme la projection de leurs mondes intérieurs, des images poétiques ou des récits mystérieux. Habillées d’une bande-son taillée au couteau, par gestes vifs, à la craie, aux doigts ou à l’éponge, par ajouts, transparence ou effacement, apparaissent des formes libres, comme dans la contemplation de nuages, mais aussi des images imprévisibles, des transformations étonnantes et finalement un dialogue inattendu entre la tête aux traits méticuleux et rectilignes blancs sur noir, laissant apparaître un monde urbain, triste, et celle dessinant aux craies de couleurs des formes désordonnées laissant, elle, apparaître des paysages de nature luxuriante, sans êtres humains.

Une pièce très contemplative somme toute, où le jeu de masque et le théâtre physique contribuent à convoquer le rêve, toutes les formes, graphiques, sonores et corporelles, s’entrelaçant en un caléidoscope en mouvement. Un univers surréaliste, ou absurde, selon le degré de liberté toléré par chacun, mais toujours poétique. Peut-être trop peu de repères pour les tout-petits qui semblent s’y perdre un peu. Et alors ? le théâtre n’est pas toujours drôle ! Versus : la pièce risque de plaire plus aux parents qu’aux jeunes enfants.

 

© Gilles Dantzer

 

 

Les Petites Géométries, Cie Juscomama Justine Macadoux et Coralie Maniez

Conception et interprétation Justine Macadoux et Coralie Maniez

Création et régie son Antoine Aubry

Regard extérieur Benjamin Villemagne

 

 

Du 15 décembre 2019 au 5 janvier 2020

Dimanche 15 à 11 h

Lundi 23, jeudi 26, vendredi 27 à 10 h 30

Samedi 28 à 17 h

Dimanche 29 à 11 h

Lundi 30, vendredi 3 à 10 h 30

Samedi 4 à 17 h

Dimanche 5 à 11 h)

 

Spectacle tout public à partir de 3 ans

Durée 30 minutes

 

 

 

Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès

75019 Paris

 

Réservation au 01 40 03 72 23

www.theatre-paris-villette.fr

 

 

Tournée

Du 19 au 21 janvier 2020

(dimanche 19 à 11 h, lundi 20 et mardi 21 à 10 h & 14 h)

Le Colombier – Magnanville

Rue de la Ferme
78200 Magnanville

www.lecolombier.org

 

Le 25 avril 2020 à 18 h

Fontenay-en-Scènes – Fontenay-sous-Bois

Espace Gérard Philipe

26 rue Gérard Philipe

94120 Fontenay-sous-Bois

www.fontenayenscenes.fr

 

 

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