À l'affiche, Critiques // Les Peintres au charbon, de Lee Hall, mise en scène Marc Delva au Théâtre 13 Seine.

Les Peintres au charbon, de Lee Hall, mise en scène Marc Delva au Théâtre 13 Seine.

Avr 30, 2017 | Commentaires fermés sur Les Peintres au charbon, de Lee Hall, mise en scène Marc Delva au Théâtre 13 Seine.

ƒƒƒ Article de Victoria Fourel

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© Suzanne Rault-Balet

Mine d’Ashington, Royaume-Uni. L’association pour l’éducation des mineurs reçoit l’enseignement de Robert      Lyon, pour la sensibilisation à l’art. Tour à tour méfiants, naïfs, mais aussi curieux et perfectionnistes, les mineurs deviennent un vrai groupe, un vrai courant artistique à part entière, reflet d’une condition sociale, mais aussi de l’universalité de l’art.

Le sens de l’art et son accessibilité à chacun, est une réelle et fondamentale réflexion, entamée ici par Marc Delva, appuyé par une solide et belle équipe. Le tour de force réside dans le fait de concrétiser certaines notions théoriques, de mêler intellect et éducation au beau, face à la spontanéité des mineurs. Il faut intéresser à un sujet difficile à mettre en mouvement et en action, tout en évitant les clichés et les raccourcis autour du monde ouvrier. Ici, tout est fait pour que l’ambition de ces braves gars nous frappe en premier, même si leur condition reste très présente dans l’œuvre de Lee Hall.

Jouer sur notre imaginaire en ne montrant que des toiles blanches et des cadres vides là où devraient se situer les œuvres des uns et des autres est d’ailleurs en soi une idée formidable. Les formes et les couleurs naissent dans les regards et dans les appréciations des personnages, nous obligeant à faire déborder notre imaginaire sur ces toiles vierges. Autre effort demandé au spectateur, le dispositif en trifrontal. L’objectif, atteint, était de demander un vrai travail de la part du public, contraint de faire des choix dans ce sur quoi son attention se fixera. C’est donc évidemment ingénieux dans la forme, mais aussi dans la démarche : le professeur d’art le répète, l’œuvre n’a pas de sens propre, mais bien un sens pour chaque personne qui y est confrontée. Normal, donc, que chaque spectateur fasse des choix d’appréciation, et crée son propre spectacle. Le dispositif a aussi l’avantage de créer de beaux volumes et beaucoup de distance entre les comédiens, qui doivent toujours être constants en énergie pour que tout parvienne aux trois zones. C’est réussi, il est même difficile de dire qui dans ce spectacle, tire son épingle du jeu.

Il y a quelque chose de très cinématographique dans cette mise en scène : transitions systématiques au noir sur fond de projection qui situe la scène suivante, épilogue à l’écran en fin de spectacle, importance du cadre tout au long du spectacle… Si cela reste un peu répétitif sur un spectacle comportant beaucoup de scènes, cela n’en est pas moins un choix. On n’a pas la sensation, même si cela fait redescendre un peu la tension théâtrale, que c’était un « non-choix », une facilité.

Quand on fait de l’art sa vie, on se doit de poser la question : tout le monde est-il artiste ? Tout le monde peut-il être artiste ? Qu’est-ce que le beau, la technique, comment définit-on l’art ? Il faut continuer de se poser ces questions. Elles motivent nos choix, nos carrières, elles sont la source du travail de l’artiste. Ce spectacle les remet au premier plan avec une grande technique, de l’humour, et beaucoup d’envie. De quoi y trouver des réponses, peut-être.

Les Peintres au charbon
De Lee Hall
Mise en scène Marc Delva

Avec Hugo Bardin, James Borniche; Thomas Brazète, Solal Forte, Elodie Galmiche, Florent Hu, Marie Petiot ou Elise Fourneau, Paul-Emile Pêtre, et Emmanuel Rehbinder.

Du 25 avril au 28 mai 2017.
Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche le lundi.

Théâtre 13 Seine
30 rue du Chevaleret, 75013 Paris
Métro Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14)
Réservation 01 45 88 62 22
www.theatre13.com

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