Critiques // Les Ondes Magnétiques de David Lescot mise en scène David Lescot, au Théâtre du Vieux-Colombier

Les Ondes Magnétiques de David Lescot mise en scène David Lescot, au Théâtre du Vieux-Colombier

Juin 04, 2018 | Commentaires fermés sur Les Ondes Magnétiques de David Lescot mise en scène David Lescot, au Théâtre du Vieux-Colombier

ƒ Article de Victoria Fourel

© Vincent Pontet

Reflet d’une époque à travers la grande aventure de la libération des ondes, ce spectacle nourri de multiples influences et de médias variés raconte une transition majeure dans l’histoire de l’information et du divertissement, mais aussi dans la définition politique de ce qu’est la liberté.

Le premier atout de ces Ondes Magnétiques, c’est bien de parvenir à transmettre l’ambiance des studios et des bureaux : enfumée, électrique, tendue. La disposition en bi-frontal permet de se sentir au cœur des discussions, et la direction d’acteurs suggère qu’il se passe toujours quelque chose et peut-être toujours plusieurs choses à la fois : un vieux de la vieille de la radio pirate égraine un jargon opaque pendant qu’on débat de l’autre côté de la table, on enregistre une émission pendant que d’autres se disputent.

La première partie du spectacle est fabriquée à partir d’instantanés de ce cadre, donnant à voir une époque et ses contradictions, avec beaucoup d’idées et de modernité. On change de costumes, on quitte la scène sans préambule, on enchaîne les transitions sèches et on n’hésite pas à jouer des personnages appuyés, cartoon, presque caricaturaux mais justes malgré tout. On se joue aussi de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, qui donne tout ce que la gauche pouvait espérer et même plus.

On est moins emballé par une seconde partie, plus spectaculaire, peut-être, plus dans la performance. On assiste bien sûr au changement de la radio contestataire en radio incluse dans un système, mais cette moitié semble être un assemblage de pastilles un peu disparates, qui amusent, surprennent, tantôt politiques tantôt instants de vie ordinaire. Même si l’on comprend que tout cela reflète un nouvel esprit, une nouvelle ère, cela casse un rythme pourtant intéressant dans une première partie de spectacle.

Le rythme est d’ailleurs l’un des points qui empêche de rentrer pleinement dans la pièce. On est pris par certains personnages et certains traits typiques de l’époque : la gamine en fugue qui trouve un refuge dans ce grand bazar, ceux qui voudraient faire de la radio une entreprise, et ceux pour qui l’engagement dépasse le rendement. Mais le tout est tellement découpé, sans réels fils conducteurs, qu’on oublie parfois ce que le spectacle a d’impressionnant, pour attendre d’être touché par la scène suivante.

Original, riche, parlant, Les Ondes Magnétiques aborde le choc des générations, l’amour pour la subversion et la transmission, la culture qui se transforme, et tant d’autres thèmes. Victime de sa richesse, peut-être, on se perd un peu dans ces chapitres et ces fragments, qui emballent parfois et nous perdent souvent.

Les Ondes Magnétiques
Texte David Lescot
Mise en scène David Lescot
Scénographie Alwyne de Dardel
Costumes Mariane Delayre
Lumières Paul Beaureilles
Musique Anthony Capelli et David Lescot

Avec Sylvia Bergé, Alexandre Pavloff, Elsa Lepoivre, Christian Hecq, Nâzim Boudjenah, Jennifer Decker, Claire de la Rüe du Can et Yoann Gasiorowski.

Du 28 mai au 1er juillet 2018, le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h.

Théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier 75006 PARIS
Réservation 01 44 58 15 15
http://www.comedie-francaise.fr

 

 

 

 

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