À l'affiche, Critiques // Les forçats de la route, d’Albert Londres, conçu et mis en scène par Nicolas Lormeau, Comédie-Française Studio

Les forçats de la route, d’Albert Londres, conçu et mis en scène par Nicolas Lormeau, Comédie-Française Studio

Fév 23, 2018 | Commentaires fermés sur Les forçats de la route, d’Albert Londres, conçu et mis en scène par Nicolas Lormeau, Comédie-Française Studio

 

© Vincent Pontet, collection Comédie-Française

ƒƒ article de Nicolas Brizault

 

1er juillet 1924. Le tour de France commence, avec passion et douleur, légèreté. La même chose qu’aujourd’hui en somme. C’est ce que raconte Albert Londres dans Les forçats de la route en 1924, en recueillant tous ses articles de cette année-là sur le Tour qu’il a suivi pour Le Petit Parisien.

L’horreur et la fascination donc, le plaisir et la joie, le jeu et la tourmente. Huot, Pelissier, Bellenger… Tout cela décrit avec vérité très souvent. Les détails explosent, le talent des cyclistes est mis en avant, le tumulte ou les hourras des spectateurs aussi. Ils savent hurler sans trop savoir pourquoi, ne savent pas forcément que ces hommes à vélos, qu’ils applaudissent avec frénésie, sont prêts à laisser leur peau ici, sur ces routes interminables, sans trop savoir pourquoi eux non plus, mais sans imaginer s’en passer un seul moment. C’est leur vie, en deux roues.

Nicolas Lormeau a sans doute mis ce texte en avant dans ce Singulis de la Comédie-Française pour cette force, ce rythme, mais très certainement aussi pour son propre goût pour le vélo. Il en fait lui-même et peut saisir les manies et les répétitions, les plaisirs douloureux cachés derrière tout ça. Alors il a souhaité mettre à son tour toute sa force ici, devenir un forçat lui-aussi. Nous montrer comment il casse ses roues, comment il grimpe, comment il gémit et comment il rend honneur à tous ces cyclistes passés et présents.

Une certaine délicatesse lui fait prendre la voix d’Albert Londres, dont l’humour, la finesse et la gloire méritée de son métier resplendissent ici. Oui, c’est ce qu’il fait et cela fonctionne. Il fait rire, on sent la tension, la rapidité dans la salle également. Beaucoup trop sans doute. Les accents régionaux des cyclistes changent toutes les sept secondes, l’impression d’un « vous avez vu, je sais faire, je suis drôle hein ? » gravi, peut-être tout aussi sûrement. C’est ce qui étouffe et surtout très rapidement aussi, apporte l’ennui.

Ce spectacle est intéressant, on y apprend énormément sur le Tour de France, tout cet « au-delà du raisonnable » comme le dit Nicolas Lormeau. Le thème, le texte sont fort, puissants. Mais il doit trop les aimer, trop vouloir leur rendre grâce. Il faudrait changer de rythme, y apporter des espaces. Le sujet entraîne la rapidité, certes, mais une rapidité plus construite. Très vite on ne regarde plus que les photos anciennes projetées, pour en retirer tout ce que juste en dessous, Nicolas Lormeau se donne un mal fou à nous offrir.

 

Les forçats de la route, d’Albert Londres

Conception et mise en scène  Nicolas Lormeau

Musique originale et bande son  Bertrand Maillot

Du 21 février au 11 mars 2018
Du mercredi au dimanche, 20h30

Réservations
Du mercredi au dimanche 14h-17h
Aux guichets et par téléphone au 01 44 58 98 41
www.comedie-francaise.org

 

Studio-Théâtre
Galerie du Carrousel du Louvre
Place de la Pyramide inversée
99 rue de Rivoli
75001 Paris

 

 

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