À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Les contes de Perrault, musique de Félix Fourdrain, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, mise en scène de Valérie Lesort, direction musicale Dylan Corlay, orchestre les Folies Parisiennes, au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

Les contes de Perrault, musique de Félix Fourdrain, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, mise en scène de Valérie Lesort, direction musicale Dylan Corlay, orchestre les Folies Parisiennes, au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

Avr 09, 2025 | Commentaires fermés sur Les contes de Perrault, musique de Félix Fourdrain, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, mise en scène de Valérie Lesort, direction musicale Dylan Corlay, orchestre les Folies Parisiennes, au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

 

© Fabrice Robin

ƒƒƒarticle de Denis Sanglard

Hop-hop-hop, c’est du Pop-Up ! Il était une fois Les contes de Perrault revisité en musique par Félix Fourdain, pour le livret par Arthur Bernède et Paul de Choudens. Une fantaisie lyrique de 1913, sortie de l’oubli par Les Frivolités Parisienne et mis en scène aujourd’hui par Valérie Lesort aux doigts de fées. Nos deux auteurs, peut-être sous l’influence de l’absinthe, ont des contes de Perrault fait d’une pierre plein de petits cailloux. Imaginez Le Petit Poucet par la grâce de la fée Morgane (étrangement sortie du cycle arthurien, mais bon tout ici semble permis), devenir Prince Charmant, puis par le vilain sort d’Olibrius le méchant sorcier être métamorphosé en Riquet à la Houppe, mais entre-temps avoir séduit Cendrillon, sa princesse lointaine, laquelle pour éprouver l’amour de  son prince endosse une peau d’âne, puis déçue par lui refuser le mariage et s’enfuir, tomber entre les griffes de Barbe-Bleue et de Croque-Mitaine (lequel ayant encore ses filles sur l’estomac est prêt de de devenir végétarien), sauvée par ses épouses ressuscitées pour l’occasion, enfin s’endormir pour 100 ans avant d’être réveillée par son Prince Charmant (qui lui aussi a dormi du sommeil du juste). Evidemment ne manque ni la marâtre et ses deux mégères de filles, ni le Chat Botté et son meunier, pas même le Petit Chaperon Rouge pour une courte apparition. Pour s’y retrouver dans cette carte du tendre féérique et loufoque point n’est besoin de petits cailloux, il suffit de suivre et de se laisser entraîner sans barguigner par ces deux-là qui jouent à je t’aime-moi-non-plus entre deux sortilèges et mauvais sorts. Et comme tout conte, il y a force poésie, cruauté et drôlerie. De quoi retomber à pied-joints en enfance, un vrai bain de jouvence, ce qui ne manque pas de se produire.

Avec cette histoire abracadabrantesque et délicieusement loufoque, Valérie Lesort se plie en quatre avec bonheur, met en relief tout ça dans une mise en scène ébouriffante en deux dimensions, aussi plate que la terre est ronde. Chaque tableau est promptement et génialement aplati, comme autant de pages illustrées par la technique du pop-up. Le plateau devient un livre ouvert qui bientôt, comme par magie, s’animerait sous nos yeux. Couleurs bonbons acidulés et lignes claires, gestuelle de marionnettes (de celles en carton et ficelle), costumes somptueux comme il se doit, tout roides et géométriques, petits cœurs et papillons voletant, décors de papiers découpés, ajourés comme dentelles, enluminures et lettrages moyenâgeuses… On se déplace sur le plateau à pas-chassé pour ne jamais être de profil ni de dos, toujours de face. La seule profondeur ici ce sont les sentiments qui animent ces drôles de pantins. Valérie Lesort crée un monde merveilleux, où l’enchantement jamais gnangnan ne va pas sans burlesque – on rit beaucoup des subtiles trouvailles et gags récurrents – fidèle en cela au livret quelque peu et génialement brindezingue, légèrement réadapté (Poucet ne rêve point d’être un prince mais un ninja ou encore un super héros), et à la partition dont elle épouse sans faillir le moindre changement de rythme, toujours enlevé.

Sur la plateau comme dans la fosse c’est le même bonheur allègre. Les solistes tous excellents, tant pour le chant que l’interprétation, se prêtent au jeu du si magique avec un enthousiasme communicatif. La soprano Anaïs Merlin (Cendrillon) et le ténor Enguerrand de Hys (Prince Charmant) forment un couple épastrouillant, sans jamais tomber dans la caricature. Anaïs Merlin sous la vêture de Peau d’âne prenant l’accent paysan est tout simplement formidablement drôle. De même la soprano Julie Mathevet (La fée Morgane) et le baryton Romain Dayez (Olibrius), couple infernal qui se disputent nos deux tourtereaux à coup de sortilèges et mauvais sort. Ces deux-là s’en donnent à cœur joie, particulièrement Romain Dayez qui se donne à fond dans ce rôle de magicien aussi méchant et revanchard que ridicule. Et quand métamorphosé en souris et croquée par le Chat Botté (Camille Brault) on se dit « bien fait ». Et puis une mention spéciale à la soprano Lara Neumann, irrésistible marâtre (Madame de Houspignoles) la bouche aussi de travers que son esprit est tordu. Dans la fosse Dylan Cordey déroule la partition avec fougue et subtilité, sans temps mort jamais. Les Folies-Parisiennes et Valérie Lesort, c’est merveille, nous en donne plein les zoneilles et les mirettes et on craque littéralement pour cette production enchanteresse au délicieux goût d’enfance retrouvée.

 

© Fabrice Robin

 

Les contes de Perrault, musique de Félix Fourdrain

Livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens

Mise en scène de Valérie Lesort

Direction musicale Dylan Corlay

Orchestre les Folies Parisiennes

 

Conseiller artistique : Christophe Mirambeau

Scénographie, costumes et décors : Vanessa Sannino

Assistante à la scénographie : Ninon Le Chevalier

Création lumières : Pascal Laajili

Assistance à la lumière : Boris Pijetlovic

Création vidéo : Vanessa Sannino, Julie Boissy, Joris Thouvenin

Assistance à la mise en scène : Florimond Plantier

Chorégraphie et mouvement : Rémi Boissy

Assistance à la chorégraphie : Julie Galopin

Création des marionnettes et des masques : Carole Allemand, Einat Landais, Louise Digard, Jérémie Legroux

Cheffe maquilleuse : Maurine Baldassari

Assistance au maquillage : Caroline Boyer, Elodie Bequin, Manon Charreteur

Assistance costumes : Marion Duviage

Fabrication des costumes :

Chef atelier : Brunot Jouvet

Assistance : Marine Alisée, Alice Verron, Fanny Grappe, Sofia Lupoli, Marion Keravel, Eugénie Delorme, Laurie Chamosset, Alice Louveau

 

Avec : Anaïs Merlin, Julie Mathevet, Romain Dayez, Enguerrand De Hys, Lara Neumann, Camille Brault, Eléonore Gagey, Hortense Venot, Richard Delestre, Philippe Brocard, Lucile Komitès, Geoffroy bUffière

Et le chœur : Marion L’Heritier, Hortense Venot, Claire Naessens, Zoé Cassard, Célian D’Auvigny, Guillaume Durand, Angelo Heck

Danseurs : Benjamin Gouy-Pailler, Julie Galopin

 

Jusqu’au 17 avril 2025

20h, le dimanche à 16H

 

Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

4 square de l’Opéra-Louis Jouvet

75009 Paris

 

Réservation : 01 53 05 19 19

www.athenee-theatre.com

 

Tournée :

24 avril 2025, Théâtre Impérial- opéra de Compiègne

27 avril 2025, Théâtre Raymond Devos, Tourcoing

21/26 novembre 2025, Opéra de Dijon

 

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