ƒ article de Victoria Fourel

Voyez-vous, je ne pensais pas un jour être émue par les chansons de Michel Sardou. Mais Les Carnets du Connemara de Laurent Bazin sont passés par là. En les liant à des souvenirs récents autour de la paternité, du désir et de la vie d’homme, il en fait des hymnes attendrissants, des airs partagés et transmis par son père.

Et c’est bien de transmission qu’il s’agit. Transmission du père à l’enfant, des sentiments, des responsabilités et des peurs qui l’habitent, et transmission de l’auteur-acteur à son public. Il lit dans la détente et dans la confidence de son journal intime des instants et des épisodes de son année, parfois drôles, parfois plus intenses, mais toujours tendres. Épaulé par son propre père au piano, il conte toutes les interrogations, les inquiétudes d’homme, avec juste sous lui le matelas des chansons populaires de Sardou qui l’ont accompagné. Ces chansons, il les chante comme on les chante en famille, et met en lumière leur côté kitsch, leur côté humoristique malgré elles, mais aussi et surtout leur impact dans les esprits de tous.

Une fois sorti, on se dit pourtant qu’il manque du théâtre dans ces lectures. Car dans la simplicité de l’échange se perd rapidement la fantaisie de l’écriture. En tant que spectateur, on aimerait, face à ce texte virtuose, plus de formes, de volumes, plus d’inventions autour de ces épisodes et de ces chansons populaires. Les textes de Sardou ne demandent qu’à être joués, amplifiés, à émouvoir et à faire rire (« Qu’est-ce qu’il en reste ? Un corps mort pour les cormorans »). Et les textes du journal intime mériteraient parfois d’être répétés, scandés, déclamés, pour entendre mieux cet extraordinaire quotidien.

Mais le côté un peu linéaire des enchaînements des textes et des chansons ne gâche jamais les questionnements existentiels, les moments hilarants et émouvants que Laurent Bazin nous raconte comme à l’oreille. La naissance de son enfant qui arrive trop tôt, l’amour qu’il promet au  »têtard » qu’est encore son fils et les tours de chant de son père, nous emmènent tendrement dans l’intimité de l’auteur. Vous voyez, quelques chansons populaires de Michel Sardou sont capables de tout ça.

Les carnets du Connemara
Sous l’œil de Céline Clergé
L’oreille de Magali Chiapponne-Lucchesi
Le secours des choses Chloé Sourbet
Lumière Marinette Buchy
Son Alicya Karsenty
Accessoires Manon Choserot
Agitatrice sensible Alice Versieux
Avec Philippe Bazin, Laurent Bazin

Du 18 au 21 novembre 2014
A 19h

La Loge
77, rue de Charonne – 75011 Paris
M° Charonne / Bastille / Ledru-Rollin
réservations 01 40 09 70 40

www.lalogeparis.fr

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