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Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, mise en scène de Stéphane Peyran au Vingtième Théâtre

Mar 02, 2015 | Commentaires fermés sur Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, mise en scène de Stéphane Peyran au Vingtième Théâtre

ƒ article de Victoria Fourel

 

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Texte court mais très dense, Les Caprices de Marianne est une pièce qui n’épargne personne : les caïds au pouvoir, les femmes dévotes, les fêtards, les amoureux transis… Véritable tribune sur son époque, elle n’en perd à aucun moment le lyrisme et la légèreté de la langue de Musset. La mise en scène de Stéphane Peyran essaie donc de marier ces deux aspects en laissant la part belle à l’ampleur, avec beaucoup de mouvements, des décors massifs, et le tourbillon à la fois du carnaval et de l’intrigue elle-même. Tout en restant assez classique dans la forme, ce spectacle tend à rendre son côté inquiétant et grave à la pièce, en misant sur de belles lumières et de beaux passages sans texte. Certains personnages trouvent tout à fait leur place dans cette ambiance, et notamment le duo Claudio/Tibia, qui représente, lorsqu’on prend le temps de se pencher sur eux, un volet particulièrement fin du texte, entre relation comique du dignitaire et de son valet, et le tragique de la position de servant, voire d’esclave. Le message est clair : le metteur en scène veut rendre toute sa force et sa densité à cette pièce qui cherche à éclairer notre vision sur de nombreux sujets, sans perdre l’esprit du carnaval qui sert de cadre à l’intrigue.

Mais si certains aspects sont donc assez bien traités, d’autres ont parfois un peu échappé au metteur en scène, éclipsés par un désir de bien faire, et de faire beau. Marianne elle-même en pâtit, notamment lorsque l’incompréhension et la condescendance des hommes qui l’entourent la poussent à la provocation. Quand elle est dans l’action rageuse, et plus dans la simple conversation, elle se retrouve un peu empêchée par son petit livre de prière et sa longue robe bleue. De même, le morceau de bravoure d’Octave, qui se dévoile dans un autoportrait doux-amer, n’est pas complètement exploité, et l’on y entend seulement les traits d’humour et de poésie, sans saisir l’écueil qui guette toujours le personnage : la solitude. Trop propre, peut-être, le spectacle reste parfois pris entre le désir de créer une belle fresque tourbillonnante, et celui de rappeler au spectateur qu’autant de grands thèmes – l’amour filial, la religion, la condition féminine et la violence faite aux femmes, la vie débridée et l’alcool, l’amour sincère, le pouvoir – sont rarement traités dans un seul et même texte.

Cette hésitation fait que le spectacle manque parfois de modernité, mais surtout de folie, oubliant, à tort ou à raison, certains pans des personnages. Marianne est à la fois un symbole du féminisme, mais se laisse aussi déborder par son envie d’émancipation. Octave est un bon vivant, mais se retrouve souvent seul pour boire. Ces quelques manques n’empêchent cependant pas les spectateurs de se laisser prendre au jeu et d’assister à ce drame dans un décor de carnaval. Ils redécouvrent ainsi la pièce de Musset, qui est décidément faite pour être réinventée, toujours, modelée au fil du temps, et qui laisse le champ libre à beaucoup d’imagination.

 

Les Caprices de Marianne
D’Alfred de Musset
Mise en scène Stéphane Peyran
Scénographie Baptiste Belleudy
Costumes Ségolène Bonnet et Baptiste Belleudy
Lumières Laurent Béal
Construction décors Pierre Pernois et Anne d’Alançon
Chorégraphie Amélie Parias
Avec Guillaume Bienvenu (Coelio), Axel Blind (Claudio), Sylvy Ferrus (Ciuta, Rosalinde), Gil Geisweiller (Malvolio, Aubergiste, Spadassin), Robin Laporte (Tibia), Stéphane Peyran (Octave), Colette Teissedre (Hermia), Margaux Van Den Plas (Marianne)

Du 26 février au 19 avril 2015
Les jeudis, vendredis, samedi à 19h30 ; les dimanches à 15h

Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières – 75020 PARIS
Métro Ménilmontant, Gambetta
Réservations 01 48 65 97 90
www.vingtiemetheatre.com

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