ƒƒ Article de Victoria Fourel

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Après Marivaux, les Mauvais Elèves s’attaquent à une réinterprétation, voire un démolissage dans les règles du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Demetrius, comme Lysandre, aime Hermia, mais est sans cesse poursuivi par Helena transie d’amour. Qui pro quo, vanités et disputes se croisent dans cette comédie culte, chapeautée par un univers magique et des esprits farceurs.

Le texte, à la fois fidèle et plein de libertés, nous renvoie aux grands moments du Songe d’une nuit d’été, avec une dynamique fun qui va à l’essentiel. Même chose, dans la réécriture des personnages, dépeints nets et sans habillage de vaine psychologie, se tenant à un caractère seulement, personnages de cartoon drôles et excessifs. Des costumes affreusement sixties, une dizaine d’idées de direction d’acteurs à la minute, et l’amusement est là. A la fois dans l’exigence d’une réinvention totale, mais aussi dans le rire immédiat, grand public, on apprécie vraiment un spectacle riche et enthousiaste. Puck, esprit malin devenu clown sous un k-way, crée des intermèdes jouissifs qui tendent au sketch, voire au théâtre de rue, se terminant sur des chutes balourdes à souhait. Riche et drôle, la mise en scène propose un univers ludique proche de celui de Shirley & Dino, qui adorent la ringardise et les personnages surréalistes.

Bien sûr, les envies de théâtre ont leurs limites. A trop vouloir réinventer, parfois on en perd le premier degré, qui a toute sa place dans une réécriture de classique. En effet, à force de gags et de caricatures, on perd ce qu’il y a de tendre, de vrai dans ces jeunes gens à la fois innocents et vains. Le fait de tout jouer avec un regard rieur sur l’original donne un tout parfois confus, où l’absurdité de l’action mise en valeur devient carrément excessive, un peu criarde. Pour exemple, la scène de fin est complètement délirante, et ne met pas tellement en valeur la folie savamment orchestrée jusqu’alors. On sent un peu de dispersement parfois, notamment dans les passages chantés et dansés qui pourraient être très impressionnants s’ils étaient calés jusqu’au bout des refrains.

Malgré la légèreté un peu abusive, qui prend le pas sur les besoins d’un classique réécrit, la soirée est folle, l’énergie est démente, et le public est scotché. Les spectacles qui parviennent à nous faire avaler des idées aussi délirantes méritent toujours le respect, surtout quand c’est fait dans le rire franc et dans les couleurs vives. Même si on n’adhère pas à tout, même si tout n’est pas aussi réglé, aussi technique qu’il le faudrait, on ne peut qu’apprécier ce plaisir à faire de Shakespeare un éternel adolescent.

Les Amoureux de Shakespeare
D’après William Shakespeare
Mise en scène Shirley & Dino
Avec Valérian Béhar-Bonnet, Elisa Benizio, Bérénice Coudy et Antoine Richard.

Du 15 novembre 2016 au 8 janvier à 21h
et du 10 janvier au 18 février 2017 à 19h.
Du mardi au samedi.

Théâtre de Poche Montparnasse
75 ; bld du Montparnasse 75006 Paris
Métro Montparnasse-Bienvenüe
Réservation 01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com

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