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Lecture • « J’avais un beau ballon rouge » d’Angela Dematté, Editions Les Solitaires Intempestifs

Mar 19, 2013 | Aucun commentaire sur Lecture • « J’avais un beau ballon rouge » d’Angela Dematté, Editions Les Solitaires Intempestifs

ƒ Lecture Camille Hazard

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Destin rouge

Angela Dematté retrace, dans cette pièce, la courte vie de Margherita Cagol, dite Mara, une des fondatrices des Brigades Rouges en Italie (1970). On assiste, à toutes les étapes de sa vie, à la relation très étroite qu’elle entretient avec son père, homme de condition modeste et commerçant à Trente. Sous forme de dialogues ou par écrits interposés, ils se cherchent, tentent de se comprendre, de se convaincre. Enfant curieuse, réfléchissant et remettant en cause ce que l’on tient pour acquis, elle entre à l’université de sociologie où elle prépare une thèse sur La qualification de la force au travail dans les phases de développement capitaliste. C’est à cette période qu’elle fait la connaissance de celui qui l’accompagnera dans la vie et dans les actions du groupe, Renato Curcio.

Tendre combat entre la nostalgie et l’espérance.

Le texte renvoie une grande force poétique grâce, entre autres, à une économie de mots qui permet au lecteur de laisser libre cours à son imagination. Ces courts dialogues, parsemés de voix, mettent en lumière tout un sous-texte de non-dits, entre le père et la fille. La vie réelle, historique, de Margherita, côtoie la vie plus intime, romancée, de deux générations qui s’aiment et s’affrontent. Dans une Italie toujours séduite par le fascisme et où les patrons pressent, assèchent, les ouvriers, quelques voix commencent à se faire entendre, à ébranler l’ordre établi entre les classes. Le père de Margherita est encore tourné vers un passé silencieux, posé, dans lequel chaque homme travaille et obéit ; alors que sa fille, Margherita, vit déjà dans un futur programmé, planifié, voire peut être idéalisé… C’est un doux combat entre la résignation, l’acceptation  et l’insurrection comme instinct de survie.

Même si le personnage historique de Margherita Cagol est traité avec réalisme et qu’Angela Dematté la choisit comme symbole des rebellions et soulèvements de jeunesse, c’est à sa vie intime et à sa relation avec son père qu’on s’attache. Personnage emblématique, public, choisi comme prétexte à un canevas familial.

Caroline Michel et Julie Quénehen offrent une belle traduction de ce texte partiellement écrit en dialecte ladin (du Nord Est de l’Italie). Elles retranscrivent avec force la gouaille, la langue de la terre, portée par le père et la fille au début. Puis, petit à petit, Margherita laisse ce dialecte régional et familial au profit de la langue italienne, comprise de tous.

J’avais un beau ballon rouge est une pièce qui nous embarque sur les pas de cette femme communiste, ultra engagée, pour, finalement, nous faire pénétrer les empreintes de la vie familiale, des conflits de générations, de l’amour qui persiste malgré deux visions antinomiques et surtout de deux mondes qui s’entrechoquent pour tenter d’avaler l’autre.

 

J’avais un beau ballon rouge
D’Angela Dematté
Traduit de l’italien par caroline Michel et Julien Quénehen
Paru en février 2013 – Prix 13 euros
Les Solitaires Intempestifs 2013, Collection La Mousson d’été, 95p.
www.solitairesintempestifs.com

Théâtre du Rond-Point
Du 28 mars au 26 avril 2013
Mise en scène Michel Didyme
Avec Roman et Richard Bohringer
www.theatredurondpoint.fr

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