© Stéphane Aubran

ƒƒƒ article de Hoël Le Corre

Et si nous remontions le temps, le temps d’un spectacle ? Et si nous plongions au cœur de la vie de la troupe de Molière ? Au temps où on n’appelait pas encore cette époque « l’époque de Molière », où le français n’était pas encore connu sous le nom de « langue de Molière » et où l’Illustre Théâtre n’était qu’une troupe provinciale soumise aux bons vouloirs de décrets locaux… Et si nous suivons Léo dans sa chimère, dans son rêve devenu réalité : celui de rencontrer « le Maître ?»

Léo, étudiant en médecine vivant au XXIe siècle, se passionne pour le théâtre. Il est par-dessus tout un admirateur absolu, un « fan » dirions-nous aujourd’hui, des pièces de Molière, qu’il connaît quasiment toutes par cœur. Prenant son courage à deux mains, il décide d’auditionner pour un rôle dans une adaptation du Dépit Amoureux, mais l’émotion lui fait perdre le contrôle et il s’évanouit à la deuxième réplique. Quand il ouvre les yeux, il se retrouve en… 1656, au beau milieu de la troupe de Jean-Baptiste Poquelin !

Le jeune homme apparaît bien étrange aux yeux de ces comédiens du XVIIe siècle ; il faut dire qu’il use de mots encore inconnus pour ses nouveaux contemporains, cite la Place de la République, chante les Beattles aux notes de son ukulélé… Ce qui donne d’ailleurs des scènes savoureuses et cocasses de quiproquos et débouche sur une hilarante leçon « d’anglois… » Finalement, Léo montre un dévouement et un enthousiasme tels que la troupe finit par se laisser convaincre et l’engage comme homme à tout faire. Et voici notre Léo sur les routes avec l’Illustre Théâtre !

C’était sans compter sur la peste qui rend impossible toutes représentations publiques. A moins que les charmes de comédiennes agissent sur l’évêque, et que Molière ne parvienne à écrire une comédie en cinq actes en douze jours. L’aide de Léo devient alors précieuse, lui qui connaît mieux que personne les vers de Molière et l’avenir prestigieux de la troupe…

Loin d’être un biopic sur l’auteur et le comédien, Le Voyage de Molière sonne comme un véritable hymne à l’homme de théâtre. Dans une fantaisie où se glissent imagination et vérités, où s’entremêlent le style de Molière et des phrases tirées de ses pièces, Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre parviennent à nous faire vivre une histoire grisante, au son d’un violoncelle virevoltant, au rythme de comédiens survoltés, et dans un décor tournoyant.

Émerveillés par toutes ces composantes, nous assistons à une véritable déclaration d’amour à Molière, un amour tentaculaire tant il se déploie en un hommage aux comédiens et aux spectateurs aussi protéiformes soient-ils. Sans oublier un hommage à l’amour et à une vie faite de passion et d’engagement. Le Voyage de Molière un spectacle en forme de fête. La salle du Lucernaire était comble et comblée pour cette première qui augure une série remplie de « joie ! »

© Stéphane Aubran

Le Voyage de Molière, de Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre

Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre
Avec Grégoire Bourbier ou François Raffenaud, Stéphane Dauch, Violette Erhart, Mathilde Hennekinne,  Charlotte Matzneff ou  Floriane Vincent, Teddy Mélis ou Michaël Giorno-Cohen, Geoffrey Palisse et Charlotte Ruby ou Guilia De Sia
Musique : Petr Ruzicka
Costumes : Corinne Rossi
Décors : Antoine Milian
Lumières : Moïse Hill

Du 22 octobre 2022 au 7 janvier 2023

Du mardi au samedi à 19 h
Dimanche à 16 h

Relâches les 05 et 25 novembre, 15 décembre.

Durée : 1 h 35

Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris

Réservations : 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr

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