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Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Motta, au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt

Jan 31, 2024 | Commentaires fermés sur Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Motta, au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt

 

 

© Nadége Le Lezec

f article de Denis Sanglard

 

Bien sombre Songe que ce Songe-là. Emmanuel Demarcy-Motta met en scène Le songe d’une nuit d’été avec une noirceur peu coutumière. Plastiquement, scéniquement c’est une réussite même s’il on eut aimé qu’un peu de clarté traverse cette forêt où s’enfoncent nos amoureux en fuite. Le plateau est une forêt en marche, longs fûts sans faîtes, que tapisse un sol plus rugueux que mousseux, éclairée par une lune chiche, une nuit d’été lugubre entre chien et loup peu propice à la féerie, plus encline au cauchemar enfantin. Mise en scène au cordeau, trop sans doute, nulle rugosité, de belles images, tout est lisse au risque de l’ennui. C’est beau, oui, mais sans plus. Nous sommes sous le charme, nous aimerions du moins, mais point d’éblouissement. La faute sans doute à une vision trop littérale qui se voudrait limpide et compréhensible par tous et qui ne s’autorise pas la folie absolue et permissive d’un mystère de deux mondes cohabitant, où la facétie des fées trouble le temps d’une nuit d’été l’ordre du monde des humains. Ces deux mondes ici semble n’en faire qu’un, annulant de fait la poésie du conte et de son imaginaire autorisé. Emmanuel Demarcy-Motta signe une mise en scène de l’ordre du désenchantement, se refusant au merveilleux et son essence, à tordre le cou à la réalité et opère sciemment un contre-sens. Il n’y a que Titania ici qui décolle, littéralement. Pour le reste, nous restons irrémédiablement terre-à-terre. Pourtant quelque chose aurait pu ne pas obscurcir davantage cette vision quelque peu univoque. La tragédie Pyrame et Thisbé, donnée en l’honneur d’Hyppolyte et de Thésée, que préparent les artisans d’Athènes devait être un instant de comédie pure, théâtre dans le théâtre fait de bric et de broc, bricolé maladroitement, répété et joué malhabilement. Mais las, Emmanuel Demarcy-Motta échoue là-aussi. S’ils sont caricaturaux, ils ne sont que caricaturaux. Rien des clowns shakespeariens et de leur démesure, de leur grotesque faconde et profonde sensibilité. Cet hommage au théâtre dans ce qu’il peut avoir de sincère et de mal dégrossi dans sa naïveté reste de l’ordre de l’intention, de l’hésitation et ne décolle pas du texte ni du reste. On reste donc sur sa faim, espérant dès lors l’aurore de cette nuit qui n’en finit plus.  Sauf qu’il y a Elodie Bouchez. Au jeu plus ou moins uniforme et convenu de l’ensemble, cohérent cependant, elle se démarque à bas-bruit. Elle apporte à cette mise en scène, dans le rôle d’Héléna, l’amante délaissée, ce qui lui manque cruellement, cette part de mystère et d’irrésolution. Une fée.

 

© Nadége Le Lezec

 

Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare

Traduction de François Regnault

Mise en scène et version scénique : Emmanuel Demarcy-Motta

Assistanat à la mise en scène : Julie peigné

Assistée de : Judith Gottesman

Scénographie : Natacha Le Guen de Kerneizon, Emmanuel Demarcy-Motta

Lumières : Christophe Lemaire

Assisté de : Thomas Falinower

Costumes : Fanny Brouste

Assistée de : Véra Boussicot

Musique : Armand Méliès

Vidéo : Renaud Rubiano

Assisté de : Romain Tanguy

Son : Flavien Gaudon

Maquillage et coiffures : Catherine Nicolas

Assistée de Elisa Provin

Objets de scènes et régie : Erik Jourdil

Coiffes et couronnes : Laetitia Mirault

Coaching acteurs : Jean-Pierre Garnier

Training Physique : Claire Richard, Nina Dipla

Training chant : Vincent Leterme, Maryse Martines

 

Avec la troupe du Théâtre de la Ville : Elodie Bouchez, Sabrina Ouazani, Jauris Casanova, Jackee Toto, Valérie Daschwood, Philippe Demarle, Edouard Efrimakis, Ilona Astoul, Mélissa Polonie, Gérald Maillet, Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Ludovic Parfait Goma, Stéphane Kräkenbühl, Marie-France Alvarez

 

Du 26 janvier au 10 février 2024 à 20h

Le dimanche à 15h

Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt

Place du châtelet

75001 Paris

 

Réservations : 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

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