À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Le Septième jour, d’après Yu Hua, adapté et mis en scène par Meng Jinghui, Cloître des Carmes, Festival d’Avignon In  

Le Septième jour, d’après Yu Hua, adapté et mis en scène par Meng Jinghui, Cloître des Carmes, Festival d’Avignon In  

Juil 19, 2022 | Commentaires fermés sur Le Septième jour, d’après Yu Hua, adapté et mis en scène par Meng Jinghui, Cloître des Carmes, Festival d’Avignon In  

 

 

 

© Christophe Raynaud de Lage
 

ƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

 

 

En 2019, à l’Opéra Confluence, les spectateurs partaient par rangées bien avant la fin des 3 heures de représentation, exaspérés par le volume sonore de La Maison de thé, adaptation d’une pièce de Lao She, agacés par l’agressivité de l’adresse des comédiens au public, par une scénographie que certains ont qualifié d’arrière-garde plutôt que d’avant-garde et la vulgarité de nombreuses scènes. Ce rappel est nécessaire à la fois pour mesurer l’attente et la méfiance éventuelle en cette 76ème édition du Festival du public avignonnais et de la présente chroniqueuse en particulier qui ne partage toutefois pas toutes les critiques susmentionnées et avait apprécié tant la découverte de ce texte courageux dénonçant les travers de la révolution et l’audace de le monter aujourd’hui pour pointer les mêmes dérives. Le groupe rock Nova Heart était en harmonie (certes aux décibels élevées) avec le gigantisme de la Grande roue très allégorique de la puissance écrasante du pouvoir sur le peuple. Ces dernières précisions trop sommairement indiquées n’ont d’autre but que d’informer des a priori non négatifs à l’approche de cette première représentation dans le Cloître des Carmes du nouveau spectacle de Meng Jinghui.

 

Le Septième jour est cette fois une adaptation d’un livre éponyme de Yu Hua, écrivain contemporain bardé de prix, et dont ce livre publié en Chine en 2013 a été traduit en français l’année suivante (publié chez Actes sud). L’adaptation est présentée sur un plateau qui n’a pas le gigantisme du précédent spectacle de Ming Jinghui, dans un format à peine moins long, puisque les 2h10 annoncées dans la feuille de salle sont largement dépassées, et avec des éléments de décor d’une grande modestie par rapport aux quatre jours de montage qu’avait nécessité la roue de La Maison de thé.

 

Le Septième jour est l’histoire de Yang Fei, un homme ordinaire, plutôt pauvre, qui vient de mourir dans une explosion et qui attend son tour au crématorium où il a été convoqué à une heure précise, mais comme il n’est pas très pressé de partir en fumée, il retarde son arrivée et en même temps s’offusque (violemment, cassant tout ce qui est à sa portée) de reculer du 3ème au 64ème rang dans la file d’attente, passant notamment après le maire de la ville, qui a le choix entre les bois les plus précieux pour son urne funéraire. Le Septième jour entendrait-il de dénoncer une inégalité sociale entre les riches et les pauvres ? Ce serait sans doute sa seule tentative en matière de droits fondamentaux, car pour le reste, les femmes, les homosexuels, le propos est loin d’être progressiste. A grand renfort de vulgarité qui ne choque plus le bourgeois mais l’ennuie, de gesticulations qui ne tiennent pas le spectateur en éveil mais le lasse, de cris qui ne le réveillent plus mais finissent au contraire par l’endormir, Le Septième jour ne convainc pas. Chaque jour s’égrène lentement, péniblement, laborieusement avec les histoires d’autres défunts, les rencontres avec l’ancienne et d’épouse et les réminiscences de leur séparation, la maladie du père, etc. Le premier tableau du premier jour, avec des comédiens tout de blanc vêtus ne commençait pas si mal, avec des éléments de décor dont on devinait (à tort) qu’il en serait fait quelque chose (bouteilles d’alcool à Cour, foule de squelettes en fond de scène), une utilisation de l’espace qui pourrait d’avérer intéressante (le niveau supérieur du Cloître) tout comme la scène du frigo devenant (probablement) la baignoire où l’ex femme du narrateur s’est tailladée les veines. Las, il n’en fut rien.  Si les masques de zombis sont censés symboliser les âmes errantes, les jets de bière, le dégoût de l’existence, la peinture rouge sang, la mort et la machine à broyer qui se met en branle dans la dernière scène la vacuité de nos existences, nous ne pouvions plus rien espérer de ce faux dadaïsme (revendiqué), ni rien découvrir de nouveau dramaturgiquement parlant sur l’absurdité de notre existence.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

Le Septième jour

 

Texte : Yu Hua

Traduction du chinois : Pascale Wei Guinot

Adaptation et mise en scène : Meng Jinghui

Musique : Hua Shan, Wang Chuang

Scénographie : Zhang Wu

Lumière : Wang Qi Son Zhang Xinnan

Costumes : Yu Lei

Assistanat à la mise en scène : Li Huayi

 

Avec : Chen Minghao, Han Shuo, Huang Xiangli, Mei Ting, Sun Yucheng, Wang Zihang, Xiao Dingchen

 

Durée 2h30

 

Le Septième jour

Cloître des Carmes

Place des Carmes – Avignon

Jusqu’au 25 juillet, 22h (relâche le 21)

 

 

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed