ƒ article de Victoria Fourel

Crédit photo Charles Hermand

C’est un monologue. C’est un conte. C’est un prêche, une utopie, une conférence, un traité philosophique. Ce spectacle est tout ça. Un homme raconte comment il est passé d’homme ridicule et suicidaire, à prêcheur inspiré pour une bonne parole éclairée. Ou comment un rêve peut changer la vie, sauver la vie.

C’est le genre de spectacle qui repose sur une idée. Une seule. Le décor, le contexte, tout ça ne compte pas. Ce qui compte, c’est ce que Dostoïevski dit de l’Homme. Ce qu’il veut dire au public, et qu’il prêche par la voix de son personnage : le sentiment vaut mieux que la connaissance, la conscience d’être vivant n’est pas plus importante que la vie elle-même. Et c’est ce qui touche dans ce texte dépouillé, et dans la mise en scène qui l’accompagne. C’est une vraie conduite de vie, intime, telle que l’auteur espère la rencontrer chez ses contemporains.

Et si l’on sent que l’adaptation théâtrale du texte tient à se tenir au plus proche de ce ton intime, c’est aussi là que le rendu scénique pêche. Le spectacle tente de théâtraliser beaucoup les transitions, le récit du rêve de cet homme ridicule, mais sans réinventer et décaler la forme. Ainsi, le costume, les quelques projections vidéo, et les performances physiques intercalées dans la parole tombent dans l’explication littérale de ce qui est dit, et si tout est clair et techniquement impeccable, on manque de surprise et de folie. On ne s’ennuie jamais, on est emmené par la belle voix de Jean-Paul Sermadiras, mais on aimerait être surpris, touché, voire transformé. Malgré de magnifiques lumières, très subtiles et modernes, la forme reste un peu classique.

Il n’est pas évident de monter un récit philosophique au théâtre, de le rendre dynamique sans perdre la force de ce qui nous est dit. Grâce à une bonne adaptation et une durée idéale, on rencontre un théâtre de ‘secret’, un théâtre qui peut vraiment changer quelque chose en chacun, et qu’on a hâte de voir transformé encore et encore.

Le Rêve d’un homme ridicule
Texte Fiodor Dostoïevski
Mise en scène Olivier Ythier
Avec Jean-Paul Sermadiras

Du 11 juillet au 12 septembre 2015
Mercredi et jeudi à 21h15, vendredi et samedi à 19h15

Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple
Métro Belleville (2 et 11) ou Goncourt (11)
Réservation 01 48 06 72 34
www.theatredebelleville.com

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