À l'affiche, Critiques // Le postillon de Lonjumeau, opéra-comique d’Adolphe Adam, livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Levy Brunswick, mise en scène de Michel Fau, direction musicale d’Emmanuel Charles

Le postillon de Lonjumeau, opéra-comique d’Adolphe Adam, livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Levy Brunswick, mise en scène de Michel Fau, direction musicale d’Emmanuel Charles

Avr 02, 2019 | Commentaires fermés sur Le postillon de Lonjumeau, opéra-comique d’Adolphe Adam, livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Levy Brunswick, mise en scène de Michel Fau, direction musicale d’Emmanuel Charles

 

© Stefan B

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Chargé par Louis XV de trouver de nouvelles voix pour l’Opéra, le marquis de Corsy en transit à Lonjumeau tombe en arrêt devant celle du postillon Chapelou, chargé de le conduire. Il est bien décidé à embarquer illico cette perle providentielle malgré le refus de Chapelou qui a d’autres chats à fouetter. C’est le jour de son mariage et Madeleine l’attend pour leur nuit de noce. Mais finalement convaincu, perspective de gloire et d’argent en vue, adieu Madeleine. Dix ans plus tard Chapelou devenu Saint-Phar, vedette de l’Opéra, décide de séduire Madame de Latour. Qui n’est autre que Madeleine, devenue riche par héritage, bien décidée à se venger. Le moyen, le mariage ! Devenu bigame et donc promis à la pendaison, tout semble perdu. Mais tombent les masques et tout s’arrange. Ah ! qu’il est beau le postillon de Lonjumeau ! Opéra-comique d’une grande élégance et d’une légère amoralité d’Adolphe Adam, plus connu pour la musique du ballet Giselle, œuvre disparue depuis le siècle dernier, ou presque, après une gloire durable au long du dix-neuvième siècle. Et le voilà magnifiquement mis en scène par Michel Fau, grand et fin amateur d’opéra, on le sait. Et comme à son habitude, cette signature particulière, toiles peintes, chromos aux couleurs acidulées, saturées, jusque dans les costumes somptueux de Christian Lacroix. Un univers factice et toc qui souligne avec beaucoup d’humour la théâtralité, la convention mais n’oublie jamais la musique. Tout concourt au bonheur d’une soirée exceptionnelle où les applaudissements nourris ponctuaient les grands airs, véritables prouesses vocales maîtrisées. Une mise en scène volontairement plate, sans réelle perspective, se déroulant le plus souvent en avant-scène et devant une toile peinte pour mettre en valeur les chanteurs solistes, au plus près de la salle. L’utilisation du plateau dans sa profondeur, offrant quelque peu de relief, n’est au service que de l’ensemble, et particulièrement du chœur, disposé là comme autant de jolis sujets, tableaux vivants animés par le chant. Michel Fau reconstitue ainsi un dix-huitième de carton-pâte coloré, clin d’œil malicieux et pastiche de l’opéra du dix-huitième siècle rococo, dont il ne garde que quelques traces, quelques signes, de cette époque et ce milieu, de cette intrigue qui use avec malice du théâtre dans le théâtre, de ses coulisses, l’envers du décor, une mise en abyme dont Michel Fau n’abuse pas, se contentant avec justesse de suivre la fable au plus près. L’orchestre est dirigé avec sensibilité et grande nuance par Sébastien Rouland qui souligne la richesse de la partition, particulièrement dans les grands airs et les duos pour le moins virtuoses. Bénéficiant d’un casting vocal de haut niveau, dont Michael Spyres, parfait dans le rôle de Chapelou, tout en rondeur, qui bouffonne sans barguigner et avec talent mais n’oublie pas le contre-ré attendu de sa partition ardue. Florie Valiquette, Madeleine / Madame de Latour, n’est pas en reste dans la comédie ni dans la pyrotechnie vocale. Son double rôle impose une double voix et il est merveille d’entendre cette voix prendre une telle ampleur avec son ascension sociale. Et comme le précisait Adolphe Adam lui-même il ne faut en rien négliger les seconds rôles. Et c’est vrai qu’ils sont tous épatants, tant vocalement que dans la comédie. Et n’oublions pas le chœur Accentus de même et haute tenue vocale. C’est aussi une des réussites de cette création de voir une troupe dans son ensemble s’emparer avec un tel enthousiasme de cette création qu’elle porte au plus haut. Oui, qu’il est beau le postillon de Lonjumeau !

 

© Stefan Brion

 

Le postillon de Lonjumeau, opéra-comique d’Adolphe Adam

Livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Levy Brunswick

Direction musicale Sébastien Rouland

Mise en scène Michel Fau

Décors Emmanuel Charles

Costumes Christian Lacroix

Lumières Joël Fabing

Maquillage Pascale Fau

 

Assistante musicale Stéphanie-Marie Legrand

Cheffe de chant Cécile Restier

Assistant mise en scène Damien lefevre

Assistant costumes Jean-Philippe Pons

 

Chapelou / Saint-Phar Michael Spyres

Madeleine / Madame de Latour

Le marquis de Corcy Franck Leguérinel

Biju / Alcindor Laurent Kubla

Rose / Michel Fau

Louis XV / Yannis Ezziadi

Bourdon / Julien Clément

Chœur Accentus / Opéra de Rouen Normandie

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie

 

Du 30 mars au 9 avril 2019

Les 30 mars, 1er, 3, 5 et 9 avril à 20h

Le 7 avril à 15h

 

Salle Favart

Opéra-Comique

1, place Boieldieu

75002 Paris

Réservations 01 70 23 01 31

www.opera-comique.com

 

 

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