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Le jardin des délices, d’après Jérôme Bosch, mise en scène de Philippe Quesne à la Carrière de Boulbon, Festival d’Avignon IN

Juil 08, 2023 | Commentaires fermés sur Le jardin des délices, d’après Jérôme Bosch, mise en scène de Philippe Quesne à la Carrière de Boulbon, Festival d’Avignon IN

 

© Christophe Raynaud de Lage

ƒƒƒ article de Sylvie Boursier

Le cratère Boulbon est à nous, enfin ! une page minérale comme aux premiers temps du monde, elle nous a manqué cette carrière de légende que les Savary, Brook, Delbono, Mouawad, Cherkaoui, Sivadier ont marqué de leurs empreintes, la scène de tous les possibles comme une cour d’honneur dans la lumière ocre et le thym au milieu des oliviers. Au bout du chemin, à 15 km d’Avignon, il y a un trou, le Boulbon, outre brute, irradiante. Qui osera le premier fouler le demi-cercle pierreux abandonné depuis 2016 et entouré de falaises vertigineuses, viendra-t-il du ciel, de la montagne ou du centre de la terre ?

Une petite troupe désopilante de hippies vintage surgit de nulle part tractant un bus, une arrivée de cinéma comme dans Bagdad café de Percy Adlon, non loin du village fantôme de Bagdad sur l’ancienne Route 66 et investit le lieu comme si elle recherchait un nouveau monde après la destruction de leur planète originelle ou pour le tournage d’un film. On installe des chaises, des marteaux piqueurs, des instruments de musique, des valises, un œuf énorme rappelant le motif de l’œuf brisé sur le volet droit du jardin des délices de Jérôme Bosch qui représente la folie, la gourmandise et le péché stérile. Chapeaux de cowboys vissés sur le crâne, boots de western, trognes à la Jack Palance ou Calamity Jane ils sont impayables les saltimbanques de Philippe Quesne. Leurs mouvements de tête chevelues à l’intérieur du bus font figure de boite à musique rythmée par des vieux airs heavy métal tandis que leur mentor chauve propose des masques à oxygène au parfum de chèvrefeuille. Ils vont se livrer à des rituels foireux sur la carrière avec l’air sérieux des nouveaux convertis. On adore cet Higgy Pop gothique et sa danse tulipe ou ce fildefériste sans fil qui traverse la scène de bout en bout sur une ligne imaginaire ou encore ce tour de magie bricolé qui voit le chauve retrouver une pilosité crânienne. Des petits êtres grimpent sur des échelles dérisoires face à la falaise, ils ne doutent de rien et poursuivent vaillamment la mission qui leur a été confiée.

Fidèle au bestiaire du peintre flamand, le spectacle fourmille de détails, de scènes ou animaux et humains sont à parité, un mollusque en justaucorps blanc prêche, un diable rouge danse et chante les enfers. Certains moments de poésie pure ressemblent aux mystères du Moyen âge avec ce mélange de dragons, de créatures divines et de licornes tandis que sur la falaise sont projetés des squelettes à la Jean Michel Folon. Un prédicateur en chair nous interpelle : « les cannibales ont-ils des cimetières ? quel est ton objectif à long terme ? Et le fantôme dit “j’aimais bien la vie” ”.

Un cercle de parole sur des extraits de Georges Perec, Dante, Patti Smith, William Shakespeare résonne sous la voute étoilée et, comme souvent dans les créations de Quesne,  la musique occupe une place centrale avec une bande son éclectique qui va de Purcell au hard rock.

Progressivement nous traversons avec les artistes l’espace et le temps sans que l’on puisse dévoiler l’issue de cette geste héroïque.

Loin du bruit, protégés du monde, 1200 personnes ont veillé ensemble au fond d’une grotte à ciel ouvert, suspendus à la mémoire d’un lieu, à l’histoire qu’on leur raconte. La nuit provençale est douce sur la peau comme la promesse d’une aube nouvelle à imaginer. Philippe Quesne a dessiné son spectacle pour Boulbon et réenchante la belle endormie, en hommage à tous les comédiens qui ont foulé ce sol depuis des générations.  Nous sommes avec lui, cette communauté humaine qui nous lie fait chaud au cœur, merci !

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

Le jardin des délices, d’après Jérôme Bosch, textes originaux de Laura Vazquez

Mise en scène : Philippe Quesne

Son : Janyves Coïc

Lumière : Jean-Baptiste Boutte

Costumes : Karine Marques Ferreira

 

Avec : Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Sébastien Jacobs, Elina öwensohn

Nuno Lucas, Isabelle Prim, Thierry Raynaud, Gaëtan Vourc’h

Durée : 2h

Du 6 au 18 juillet, Carrière Boulbon Avignon à 21h 30 (départ navette gare routière d’Avignon : 19h)

Réservation : 04 90 14 14 14

www.festival-avignon.com

 

Tournée 23/24 (en cours) :

Le 4 août 2023 : Athens Epidaurus Festival (Grèce) Odeon of Herodes Atticus

Du 7 au 10 septembre 2023 : Ruhrtriennale, Duisbourg (Allemagne)

Du 26 septembre au 05 octobre 2023 (relâche le 1er octobre) : Théâtre Vidy-Lausanne

Les 13 et 14 octobre 2023 : Théâtre du Maillon, Strasbourg

Du 20 au 25 octobre 2023 (relâche le 23 octobre) : MC93 de Bobigny dans le cadre du Festival d‘Automne

Les 23 et 24 novembre 2023 : Maison de la culture d’Amiens, dans le cadre du Festival Next

Du 29 novembre au 1er décembre 2023 : Théâtre du Nord, Lille / avec la Rose des Vents – Villeneuve d’Ascq, dans le cadre du Festival Next

Du 25 au 27 janvier 2024 : Kampnagel, Hambourg (Allemagne)

Les 5 et 6 avril 2024 : Carré-Colonnes à St Médard en Jalles

Du 12 au 14 avril 2024 : Centro Dramatico de Madrid (Espagne)

Les 19 et 20 avril 2024 : Berliner Festspiele, Berlin (Allemagne)

 

 

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