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Le dur désir de durer (après-demain, demain sera hier), Théâtre Dromesko, Le Monfort

Fév 06, 2018 | Commentaires fermés sur Le dur désir de durer (après-demain, demain sera hier), Théâtre Dromesko, Le Monfort

ƒƒ Article de Corinne François-Denève

© Fanny Gonin

Après Le Jour du grand jour, la troupe du théâtre Dromesko livre le second opus de sa trilogie : Le dur désir de durer (après-demain, demain sera hier). Le titre indique tout à la fois la permanence et l’absolue éphémérité de toute chose, et l’espoir que tout se continue, malgré les ruptures. Pendant le spectacle, devant des spectateurs placés en bifrontal, des personnages vont donc passer et repasser, venant d’on ne sait où, allant on ne sait où. L’histoire, qu’on lit de gauche à droite, comme dans les planches d’une BD, est tout aussi discontinue, faisant se succéder des « tranches de vie » oniriques ou prosaïques, auquel le spectateur sera libre de donner un sens, son sens.

Il y a ainsi une Vierge tout enluminée, Sagrada Familia drôle et grotesque, bunuelienne. Un pantin qui se débat dans le vent qui le pousse ou le repousse. Un matador effrayé qui s’incline devant un tout petit taurillon tout mignon. Des scènes où la vie se mêle à la mort – on se croirait dans un film italien des années 70. Igor et Lily, les piliers des Dromesko, jouant un « Chant du cygne » tchékhovien qui se finit cul nu, saluts ou outrage au public. On s’ennuie parfois, comme dans la vie, on attend la suite avec confiance, cela change de la vie. A la fin, nous sommes conviés au banquet de la troupe, sur scène.

En fait de troupe, les membres historiques sont là aussi : le chien de Lily, et le fameux Charles, le marabout de Tanzanie dont les ailes immenses semblent avoir envie de repousser le chapiteau du Monfort, pour retourner vers ses terres africaines. Il est grand, beau, majestueux. Que vient-il faire ici, parmi ses bobos parisiens qui ont payé leur place, et gloussent à la poésie déplacée de sa présence ? Et puis, à un moment, à gauche, de petits talons qui font clac clac sur le parquet. Une petite danseuse timide et gauche, toute rose et pelucheuse, mais qui va traverser bravement le plateau – une intermittente suidée, une truie, la jolie truie des Dromesko, petit miracle de candeur et d’innocence, animale et naturelle.

 

Le dur désir de durer (après-demain, demain sera hier), Théâtre Dromesko

conception, mise en scène et scénographie Igor et Lily
textes : Guillaume Durieux
jeu / danse Lily, Igor, Guillaume Durieux, Violeta Todό-González, Florent Hamon, Zina Gonin-Lavina, Revaz Matchabeli, Olivier Gauducheau, Jeanne Vallauri
interprétation musicale Revaz Matchabeli (violoncelle), Lily (chant), Igor (accordéon)
construction décor Philippe Cottais
costumes Cissou Winling / lumière Fanny Gonin
régie plateau Olivier Gauducheau
création son Philippe Tivilliers
régie son Morgan Romagny
création et régie lumière Fanny Gonin
visuel et conception graphique Lily
photographie Fanny Gonin

durée  1 h 30

du 23 janv. au 17 fév. à 20h30 (sauf dimanche à 16h)

Le Monfort
Parc Georges Brassens
106 rue Brancion

75015 Paris

Réservations   01 56 08 33 88

 

 

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