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Le Cri d’Antigone, de Loïc Guénin, mise en scène d’Anne Monfort, Festival Propagations, Marseille

Mai 18, 2022 | Commentaires fermés sur Le Cri d’Antigone, de Loïc Guénin, mise en scène d’Anne Monfort, Festival Propagations, Marseille

 

© Vincent Beaume

 

ƒƒ article de Corinne François-Denève

Antigone : tant de mots ont déjà tenté de raconter son mythe. Qu’a-t-elle encore à nous dire, à tant de siècles de distance ? Le pari de Loïc Guénin est de lui restituer sa voix, ou plutôt son cri. Pour ce faire, l’auteur-compositeur a assemblé des textes de Jean Anouilh, d’Henry Bauchau, mais aussi de Camille Froideveaux-Metterie, et composé une partition qui fait jouer ensemble, entre autres, le violon et l’accordéon.

Divisé en tableaux, faisant place à une soliste et à un chœur, commençant par des imprécations pour se terminer dans un espoir de réconciliation, Le Cri d’Antigone a tout de la tragédie grecque, remise aux sons du jour. Le cri de l’héroïne se module d’ailleurs selon divers tons – celui de l’opéra (merveilleuse voix d’Elise Chauvin !), ou de la musique « moderne ». Alternent solos et moments d’ensemble, temps du récit et séquences musicales. Le temps, mythique, se double d’un temps plus linéaire, celui de la représentation, figuré par une peinture qui se crée à mesure qu’Antigone se libère, et enjoint le public, ou les musiciens, à le faire.

L’Antigone de Loïc Guénin est une furieuse, ou une insoumise, qui n’a de cesse de dénoncer l’injustice subie, désignant comme coupables les hommes, qu’elle interpelle dans toutes les langues du monde. A ce titre, elle parle à tout le monde, dans un spectacle proprement « immersif » – on réservera l’effet de surprise aux futurs spectateurs.

La gageure est toutefois de rendre « visible » ce cri du cœur, ou du ventre. Toute l’intelligence d’Anne Monfort est d’avoir su habiller cette éructation primale d’une scénographie simple, essentielle, mais porteuse de sens – praticables épurés, pendrillons noirs. Peu d’accessoires, peu de décor, si ce n’est l’esquisse d’une tombe fraîche, et des jeux de lumière habiles, qui permettent également à Elise Chauvin de déployer son art des postures et des attitudes. Martyre enfermée, cette Antigone est une véritable statue réveillée par les impulsions de la guitare électrique, hurlant sa révolte aux âmes d’aujourd’hui.

 

© Vincent Beaume

 

Le Cri d’Antigone, de Loïc Guénin

Avec : Élise Chauvin (voix), Fabrice Favriou (guitare électrique et pédales d’effets), Alice Piérot (violon), Vincent Lhermet (accordéon), Éric Brochard (contrebasse, patch et informatique musicale), Loïc Guénin (percussions, électroacoustique, composition, direction artistique)

Artiste peintre : Maya Le Meur

Mise en scène : Anne Monfort

Création et régie lumière : Vincent Beaume

Création et régie son : Yoann Coste

Régie générale et technique : Thierry Llorens

 

Durée : 1 h

A partir de 14 ans

 

Vu à la Friche de la Belle de mai, dans le cadre du festival Propagations

gmem.org/festivals/propagations-2022

 

 

Prochaine date :

10 novembre 2022 : Cité musicale de Metz, L’Arsenal, 3 avenue Ney, 57000 Metz

www.citemusicale-metz.fr

 

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