À l'affiche, Critiques // Le Conte d’hiver de Shakespeare mis en scène par Declan Donnellan au Théâtre des Gémeaux

Le Conte d’hiver de Shakespeare mis en scène par Declan Donnellan au Théâtre des Gémeaux

Jan 28, 2016 | Commentaires fermés sur Le Conte d’hiver de Shakespeare mis en scène par Declan Donnellan au Théâtre des Gémeaux

ƒƒ Article d’Ulysse Di Gregorio

Conte d'hiver 2 par Johan Persson Donnellan 2016-thumb-500x359-58894

© Johan Persson

C’est avec le Conte d’Hiver que Declan Donnellan revient cette année au Théâtre des Gémeaux à Sceaux. Toujours fidèle dans son extraordinaire direction d’acteur, il nous fait parvenir avec clarté la situation dramatique de l’œuvre et nous plonge au cœur des tourments d’un esprit jaloux.

Orlando James accompli une très belle interprétation du personnage de Léonte en mettant en lumière l’extrême douleur psychique que provoque sa jalousie et qui est à l’origine de sa ruine. Afin de souligner les moments de délires paranoïaques de Léonte, le metteur en scène a procédé à des « arrêts sur images », faisant des autres personnages sur scène les marionnettes de la pensée du roi. Tous sont engagés avec ferveur dans leur rôle, on peut seulement se demander si la volonté de rendre les sentiments et les éléments sonores avec tant de réalisme ne nous éloigne pas, finalement, d’une dimension théâtrale. A chaque apparition du nourrisson de chiffon notre oreille est accaparée par les pleurs de celui-ci, ou bien encore l’utilisation de la vidéo lors de la comparution d’Hermione devant l’assemblée nous détourne de l’essence de l’œuvre. L’œil est attiré par l’image et non par le discours et la présence de Nathalie Radmall-Quirke dont il faut souligner l’intensité. A la différence de l’incroyable Mesure pour Mesure que Declan Donnellan nous donnait à voir l’an passé, la poésie est comme absente dans ce Conte d’hiver, ce qui peut apparaître paradoxal à la vue d’un tel titre.

La scénographie de Nick Ormerod est très épurée, des petits caissons de bois sont tour à tour un canapé, un pupitre de tribunal, et des bancs de fortune lors d’une fête pastorale… Sur le même modèle, mais d’un volume bien plus conséquent cette structure rectangulaire de bois se décline en chambre mortuaire, en bateau qui conduit le fidèle serviteur Antigone sur les terres de Bohême où il doit abandonner la jeune Perdita, ou bien encore en une petite bergerie. L’espace ainsi créé prend sa signification avec l’utilisation qu’en font les personnages, et pour cela, il faut avouer que le couple Donnellan/Ormerod fonctionne parfaitement. Ils font naître avec une économie de moyens un lieu où l’imagination du spectateur peut se déployer à bonheur, et c’est également pour la même raison que l’on regrette l’utilisation de la vidéo ou des effets sonores qui nous arrache à cette rêverie. Nous voyons dans un caisson un salon royal, il n’est donc pas nécessaire de simuler la résonance d’une chapelle par l’utilisation d’un artifice technique, d’autant que le jeu des comédiens nous le fait bien sentir.

Même si cette nouvelle création de Declan Donellan est marquée par quelques « écueils », l’on retrouve toujours le souffle de vie particulier à sa direction d’acteur, et la volonté de rendre le texte original actuel et précis.

Conte d’hiver
Adaptation et mise en scène Declan Donnellan/Londres
D’après William Shakespeare
Spectacle en anglais surtitré
Scénographie Nick Ormerod
Avec Abubakar Salim, Chris Gordon, Edward Sayer, Eleanor McLoughlin, Grace Andrews, Guy Hughes, Joseph Black, Joy Richardson, Natalie Radmall-Quirke, Orlando James, Peter Moreton, Ryan Donaldson, Sam McArdle, Tom Cawte

Jusqu’au 31 janvier 2016, du mercredi au samedi à 20h45 et le dimanche à 17h.

Les Gémeaux / Scène nationale
49, Avenue Georges Clemenceau 92330 Sceaux
RER B station Bourg la Reine
Bus 188 depuis la Porte d’Orléans
Réservations 01 46 61 36 67
http://www.lesgemeaux.com

Be Sociable, Share!

comment closed