© Toussaint
ƒƒ Article de Sylvie Boursier
« Mourir insignifiant, au fond d’une tisane, entre un médicament, et un fruit qui se fane […] Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir, oh, vieillir», chantait Jacques Brel, ou vieillir en beauté comme l’ours et la poupée du cirque invisible crée en …1990. Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin, 160 ans passés à eux deux.
Elle prend la lumière, a plus d’un tour dans son sac, la caméléone transformiste. Cousus décousus, surfilés, enfilés, la princesse se pare de multiples costumes, les retournent, les déplient pour créer un bestiaire imaginaire, elle joue d’un artisanat plastique délicat et de transformations en cascades comme dans les rêves. Dragon, tortue, cheval, chimères, crocodiles, des bêtes improbables apparaissent quand elle se contorsionne et change de déguisements à vue. On n’oubliera pas le martyre d’une gorgone avec les plis d’un ruban rouge qui s’écoule comme du sang, ou encore cette armure à musique ornée de verres, panier à salade, coupe à fruits et casseroles. Victoria, revêtue de sa batterie de cuisine, tintinnabule avec entrain.
Jean Baptiste joue le contraste avec des tours de magie un peu désuets, lancer de carottes et poireaux, découpage de doigt ou dégustation de bougie, sans oublier la femme coupée en trois dans son sarcophage amovible ou la cafetière géante XXL et son propriétaire lilliputien. Moment de grâce absolu, sa chanson en play back des Trois Cloches avec l’effigie d’Edith Piaf et des compagnons de la chanson qui l’entourent comme autant de ravis de la crèche au fronton d’une église. Un grand coup de chapeau à Roxane Grallien et Véronique Grand-Lambert les deux habilleuses pour la magnifique garde-robe couleur de lune, mordorée, pourpre, jaune safran ou vert anis.
Même si la succession des tableaux est un tantinet répétitif et les gags de Jean Baptiste un peu faciles le charme opère comme une malle à trésors retrouvée au fond d’un grenier ou les marionnettes de guignol aux joues cramoisies. Longue vie au cirque invisible et à ses clowns célestes, revenez quand vous voulez !
© Brigitte Enguerard
Le cirque invisible de et avec Victoria Chaplin, Jean-Baptiste Thierrée.
Son : Christian Leemans
Lumières : Laura de Bernardis
Habillage : Roxane Grallien et Véronique Grand-Lambert
Durée : 1h15
Jusqu’au 16 avril à 19h30, dimanche 15h, relâche les 9, 10 et 13 avril,
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt
75008 Paris
Réservation : 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr
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