© Marco Faggian
ƒƒ Article de Victoria Fourel
Ce soir, Mia fait tout pour retarder l’heure de se coucher. Elle a peur du noir, des monstres, d’être seule, et puis ses parents lui manquent. Même armée de peluches et d’une grande sœur, elle ne veut pas dormir. Apprivoiser les ombres et les cauchemars, expliquer la peur, la transformer en une sorte de compagne familière, c’est le désir de ce joli spectacle pour les petits à partir de 4 ans.
L’apprentissage de la peur, de la solitude, du grand gouffre qu’est le sommeil, est souvent un drôle de moment pour les enfants. Il faut lâcher prise, écouter son cerveau qui tourne même quand on est fatigué, il faut se préparer aux bons et aux mauvais rêves que l’on pourrait croiser. Plusieurs spectacles jeune public tournent autour de ce sujet, qui est un formidable point de départ. Tous, enfants comme adultes se reconnaissent dans le personnage de Mia, énergique, inventif… et bruyant. Et c’est ce genre de petits moments de théâtre qui permettent aux parents et aux enfants d’avoir d’intéressantes conversations sur le chemin du retour. Pourquoi les cauchemars ? Comment on fait face à la peur ? Et les grands, ils ont peur ?
Un pont tout simple pour évoquer ces questions avec les tout-petits, grâce à un texte tout simple, lui aussi, à la portée des enfants. Mais sans pour autant tomber dans la facilité ou dans l’articulation bébête qui va parfois avec le spectacle jeune public. Même s’il est difficile pour les comédiennes de rester dans leurs vraies voix et de ne pas truquer pour trouver l’enfant qui sommeillent en elles, la majeure partie du temps, on se laisse embarquer par la fantaisie et la sincérité de toutes.
La spécificité de ce spectacle, c’est aussi la présence au plateau d’une comédienne en langue des signes, qui joue et traduit, rendant la pièce accessible à davantage d’enfants, et permettant aussi aux petits de découvrir qu’il existe tant de façons de communiquer ses émotions. C’est une riche idée, inclusive et moderne, qui se prête d’ailleurs très bien à l’univers du Cauchemar de Mia. Les enfants ont par exemple la possibilité d’apprendre quelques phrases en langage des signes pendant le spectacle. L’expérience pourrait d’ailleurs être poussée plus loin encore, en se servant davantage de signes pour expliquer les inquiétudes et les sensations. La langue des signes est un moyen ludique et pédagogique fascinant pour apprendre à vivre ses émotions pleinement.
Le spectacle est donc truffé de bonnes idées, dans un univers d’album pour enfants. Il doit pour autant prendre en assurance, notamment dans les moments musicaux, dans les interactions avec les enfants et dans la façon de faire participer le public. Il lui faut gérer les tribus de petits monstres qu’il a en face de lui, et prendre en carrure au fur et à mesure du temps. Plus assuré, plus solide, plus technique, on est sûr qu’il pourra rassurer pour la nuit des dizaines de Mia.
© Marco Faggian
Le Cauchemar de Mia, de Thaïs Doliget
Mise en Scène Thaïs Doliget
Musique Lilian Minas
A partir de 4 ans
Avec Thaïs Doliget, Laëtitia Wolf, Victoria Luyé et Lilian Minas
Du 16 mai au 30 juin 2019
Les dimanches à 11h
Durée 50 minutes
Théâtre Pixel
18 rue Championnet
75018 Paris
Réservation 01 42 54 00 92
www.theatrepixel.org
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