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LaBola, direction et composition de La Ribot, à La ménagerie de Verre / Festival Les Inaccoutumés

Oct 23, 2023 | Commentaires fermés sur LaBola, direction et composition de La Ribot, à La ménagerie de Verre / Festival Les Inaccoutumés

© Pablo Lorente

article de Denis Sanglard 

LaBola, chorégraphie de La Ribot créée pour l’exposition monographique A escala Humana à Madrid en 2022, n’est sans doute pas la pièce la plus forte ou significative de cette chorégraphe et performeuse. Ludique certes, nettement moins engée et politique que Les pièces distinguées. Trois danseurs enchevêtrés, agrippés les uns aux autres, toujours en contact, roulent, traversent sans-façon, sans dessus-dessous et culs par-dessus-tête, l’espace du plateau occupés par les spectateurs, eux même en représentation -assis ou debout- dont ils deviennent une composante, emportant sur leur passage les vêtements et objets éparpillés dont ils se parent ou se défont dans une accumulation sans souci de cohérence. Sculptures vivantes, toujours en mouvements, ne cessant de redéfinir l’espace qui les contient sous l’œil d’un public libre du choix de son point de vue, libre de délimiter l’espace de la performance. Cela participe du collage surréaliste, ouvre pour les moins rétifs l’imaginaire, mettant en dialogue les corps avec les objets, les vêtements, voire la littérature. Ainsi sont lus au débotté et carambolent Paul B. Préciado, Martha Graham, un précis de grammaire espagnole… C’est drôle, oui, mais reste au bout du compte quelque peu vain, et s’épuise très vite. Nous sommes loin des pièces acides et subversives précédentes qui posaient la question du corps et de ses injonctions stéréotypées. Ce bric-à-brac d’objets hétéroclites qui signait jusqu’à présent l’assujettissement d’une condition, entre-autre féminine, n’exprime ici rien d’autre que lui-même, vide de sens ou de toute symbolique. Panoramix pour mémoire (2019) qui rassemblait l’ensemble des pièces distinguées où se révélait la cohérence d’un parcours singulier. Mais il y aussi un petit malaise parce que ce que nous découvrons là, ressemble furieusement dans son principe, action de s’habiller et se déshabiller, de se saisir d’objets incongrus, à Parades and changes, chorégraphie révolutionnaire d’Anna Halprin, l’aléatoire et l’improvisation remplaçant ici le cérémonial. Considérons donc cela comme un exercice de style. L’art est toujours ou parfois affaire de recyclage.

 

© Pablo Lorente

 

laBola, direction et composition de La Ribot

Chorégraphie et interprétation en alternance, avec : Piera Bellato, Mathilde Invernon, Lisa Laurent Ludovico Paladini

Costumes et accessoires : La Ribot et Marion Schmid

Textes : extraits de Ma vie (1927) de Isadora Duncan, Mémoire de la danse de Martha Graham, Un appartement sur Uranus de Paul B. Préciado, Grammaire espagnole (1986), éditions Bordas

Directrice technique et lumière : Marie Prédour

 

Du 19 au 21 octobre 2023

La Ménagerie de Verre

12, rue Léchevin

75011 Paris

 

Réservations : www.menageriedeverre.com

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