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La voix perdue, un récit(al) de Juliette Flipo inspiré du conte de Pascal Quignard, au LoKal, Saint-Denis, Festival Temps nu avec Textes 2ème édition

Juin 10, 2021 | Commentaires fermés sur La voix perdue, un récit(al) de Juliette Flipo inspiré du conte de Pascal Quignard, au LoKal, Saint-Denis, Festival Temps nu avec Textes 2ème édition

 

 

© Didier Monge

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Un conte de Pascal Quignard, c’est toujours plus qu’un conte. Une écriture pointue, précise et minutieuse pour des récits érudits, hermétiques aussi parfois, mais dont le charme et la clarté, toujours, n’oblitèrent jamais la valeur philosophique et leur portée générale. La voix perdue est une sourde plainte, celle de Jean de Vair, dont l’accident brutal d’un carrosse renversé laisse orphelin. Le hante la voix de sa mère agonisante. A la recherche d’une voix perdue, d’un passé révolu, d’un jadis, il rencontre au bord d’un lac, le lac des reines ainsi nommé parce que plein de grenouilles, une femme à la robe verte. Chaque nuit cet être merveilleux le rejoint. Une nuit, de sa gorge s’échappe un soupir comme un chant. Ce chant fascine Jean qui lui demande de chanter pour lui. Elle refuse, évoque le péril à l’entendre. Puis devant tant d’insistance elle cède mais attache auparavant Jean aux montants du lit. Et devant ce chant inouï qui traverse son âme, Jean tombe amoureux. Mais la jeune fille disparaît. Jean découvre qu’elle est un être féérique, une grenouille. Et celle qui n’est plus qu’une voix au bord du lac le supplie de l’abandonner. Jean refuse, tente de la rejoindre et se noie.

Et ce conte cruel est dit par Juliette Flipo, merveilleuse conteuse à cette occasion, accompagnée de sa harpe électrique. Vêtue d’une simple robe, un costume de peau et d’écailles comme il en existe dans les contes, et dont elle se défait bientôt parce sont nues les nymphes et les fées aquatiques. Elle dit, et sa voix se module au gré du récit. Enfle et murmure, gronde et soupire. Mise en scène légère, réduite à l’essentiel et parfois laissée à l’improvisation, cette voix qui conte et la harpe qui accompagne. Mais ce qu’elle tire de cette harpe est plus qu’une illustration, une nappe sonore. C’est un autre récit, une autre voix, un autre écho. Plus ancien, archaïque et primal. De ce récit de Pascal Quignard s’élève ainsi, presque malgré lui, d’étranges sonorités : plaintes, cris et chuchotements contenus et retenus entre les lignes du récit et que la harpe libère. Cette voix de jadis, ces gémissements anciens étouffés sous la parole, sons informulés, langages inarticulés, extension dans son expression la plus brute de ce conte. Et c’est entre ces deux mondes, entre l’écrit et le cri, entre le dit et le silence, qu’oscille avec grande justesse et talent, sirène aux voix captivantes, à la harpe magique en sautoir, Juliette Flipo.

 

La voix perdue conception, adaptation, jeu et musique Juliette Flipo

Collaboration artistique et lumières Jean-Claude Fonkenel

Création costume Sophie Hampe

Œil extérieur Sébastien Ribaux

 

Festival Temps nu avec texte, 2ème édition

Du 4 au 12 juin 2021

 

Phèdre (Brisures) C. Degliame, Jean-Michel Rabeux / Racine

La voix perdue J. Flipo / Pascal Quignard

Le bourdon Vaslav de Folleterre

Horace C. Théodoly / H. Muller

La fin de Satan S. Auvray-Noroy / V. Hugo

 

 

 

Le Lokal

3 rue Gabriel Péri

93200 Saint-Denis

Renseignements et réservations

relationspubliques@rabeux.fr

P+ 06 67 50 64 01

 

 

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