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La révérence, du collectif La poursuite, mis en scène par Hala Ghosn, 11.Avignon, Festival d’Avignon (Off)

Juil 20, 2021 | Commentaires fermés sur La révérence, du collectif La poursuite, mis en scène par Hala Ghosn, 11.Avignon, Festival d’Avignon (Off)

ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

La Révérence c’est la traduction en français de « l’inchino » c’est-à-dire la tradition d’approche des navires au plus près des côtes. Dans la nuit du 13 janvier 2012, le navire Concordia de la compagnie Costa s’est cependant beaucoup trop approché du rivage, en raison d’une succession de mauvais calculs, erreurs de manœuvre et transmissions de positions erronées (qui font l’objet d’une très belle scène dans la pièce) percute un rocher à proximité de l’île du Giglio. Une brèche gigantesque (57 mètres sur 6) fait progressivement s’écrouler le paquebot sur un côté, causant au final la mort de 32 passagers sur les 4231 qui étaient à bord.

La Révérence commence par une scène de procès, une séance devant la Cour de cassation italienne, dernier recours possible pour Francesco Schettino l’ex capitaine du paquebot Concordia de la compagnie Costa, condamné en première instance en 2015, puis en appel en 2016 à 16 ans de prison pour abandon de navire et homicide. Car le capitaine a bel et bien quitté le navire avant que tous les passagers soient évacués.

C’est un spectacle très riche (résultat d’une écriture de plateau), inventif dans sa mise en scène (chaque navire représenté par un(e) comédien(ne) en robe bleue) et qui tout en étant bâti sur un travail documentaire minutieux (le dossier a été épluché dans ses moindres détails et des experts maritimes consultés – même si une mention des directions tribord et babord à la place de gauche et droite aurait certainement été plus adaptée, seule imperfection que l’on aura notée), est plein d’humour et formidablement interprété. Il interroge avec beaucoup de justesse dans une forme décalée les notions de responsabilités individuelles et collectives. Il établit un parallèle intéressant entre cette micro société présente sur le navire avec sa diversité en termes de nationalités et de sociologie et la vie politique italienne, mais aussi en plaçant en perspective les réactions qu’a suscité l’accident, en particulier le procès moral fait au capitaine du navire, avant le procès judiciaire et dans le même temps le besoin d’ériger le capitaine à terre Gregorio De Falco qui a conduit les secours (du fait des règles consécutives à l’abandon de navire), en héros. Ce dernier se présentera ensuite sous l’étiquette 5 étoiles au Sénat. Il sera élu en 2018 tandis que son ex-collègue a vu sa peine de 16 années d’emprisonnement confirmée par la Cour de cassation italienne. Si sa responsabilité n’est pas contestable et son comportement injustifiable, il fut évidemment un bouc émissaire, message que font bien passer les auteurs-comédiens de la pièce et qui donne toute la saveur à la phrase inscrite au début en fond de scène : « la legge è uguale per tutti ».

A voir sans hésiter dans le Off !