À l'affiche, Critiques // La Poupée Sanglante de Didier Bailly et Eric Chantelauze d’après Gaston Leroux mise en scène Eric Chantelauze, au Théâtre de la Huchette.

La Poupée Sanglante de Didier Bailly et Eric Chantelauze d’après Gaston Leroux mise en scène Eric Chantelauze, au Théâtre de la Huchette.

Juin 20, 2016 | Commentaires fermés sur La Poupée Sanglante de Didier Bailly et Eric Chantelauze d’après Gaston Leroux mise en scène Eric Chantelauze, au Théâtre de la Huchette.

ƒƒƒ Article de Victoria Fourel

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A Paris en 1923, le repoussant Benedict rêve de se faire aimer de Christine, et le printemps qui naît ne parvient pas à faire oublier les disparitions qui secouent l’Ile Saint-Louis.

Les romans policiers, teintés de mystères, du début du siècle dernier, sont toujours empreints d’un charme fou. Les cambrioleurs sont gentlemen, les sectes occultes sont derrière chaque porte, la technologie fascine et semble n’avoir aucune limite. Et ce charme fantaisiste et classieux semble être fait pour prendre vie sur scène. Il y a de la légèreté dans cette adaptation, un humour rétro, en accord avec l’esprit de La Poupée Sanglante : il y a le suspens, la peur, mais aussi l’humour et l’invraisemblance. Tous les codes du genre sont là, mais sont élégamment servis par une adaptation fine et joyeuse. Faire du roman une comédie musicale semble être une évidence tant les chansons sont belles et bien écrites, et tant elles permettent, dans le cas présent, un grand écart entre avancées narratives et moments de fantaisie plein d’énergie.

Sur scène, tout est pensé, tout est équilibré. Il y a un très haut niveau de chant, de jeu, et même, on le devine, de danse. Et, signe qu’il s’agit d’une vraie, – et d’une bonne – comédie musicale, on est surpris par l’inventivité déployée par le texte et la mise en scène, pour ne pas rester en 1923, mais aussi venir jusqu’à nous, et pour régler au millimètre près chaque réaction, chaque regard, chaque note. Même si l’humour est parfois une porte de sortie un peu facile face à des passages difficilement adaptables, on ne peut que prendre plaisir aux rimes, aux interprétations successives de quinze personnages différents, aux voix et aux accents. Et on ne peut que louer les trois artistes complets, leur endurance et leur technique, leur tenue, propres aux artistes de comédie musicale.

Il n’y a rien de plus de difficile que de créer la légèreté, la fantaisie, le suspense, sur scène. Ce sont autant de sensations de spectateur que le théâtre risque de rendre quotidiennes, singées, surjouées. Et les exemples ne manquent pas. Assumant totalement le genre du mystère bourgeois, et celui, théâtral, de la comédie musicale un peu rétro, La poupée Sanglante gagne son pari en faisant rire, en faisant applaudir, mais sans faire l’impasse sur la technique et sur le rythme. Avec quelques idées de mise en scène simples déployées tout au long du spectacle (écoute des comédiens hors jeu, accessoires symboliques des différents personnages, narration à la troisième personne par les comédiens), ce spectacle est à la fois ambitieux et sans prétention. Enthousiasmante poupée.

La Poupée Sanglante
Mise en scène Eric Chantelauze.
Avec Charlotte Ruby, Didier Bailly, Alexandre Jérôme et Edouard Thiebaut

A partir du 17 juin.
Du mardi au vendredi à 21h, Le samedi à 16h et 21h.

Théâtre de la Huchette
23 rue de la Huchette – 75005 PARIS
Métro Saint-Michel (ligne 4 et RER C), Cluny – La Sorbonne (ligne 10)
Réservation 01 43 26 38 99
www.theatre-huchette.com

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