© Simon Gosselin
ƒ article de Victoria Fourel
La Place Royale frémit des allers et venues de jeunes gens amoureux. Angélique aime Alidor, et il l’aime aussi. Mais en voulant la pousser dans les bras de son ami Cléandre pour ne pas s’enfermer, il craint de la perdre, aux bras de Lysis. Chassé-croisé vif et plein de folie douce, cette Place Royale classique est revisitée ici par Claudia Stavisky avec une troupe de jeunes gens amoureux d’aujourd’hui.
Sur le plateau règne une atmosphère mystérieuse dès le début du spectacle, atmosphère intéressante pour se conter fleurette. On n’est pas sur une place du XVIIème siècle, mais quelque part entre le pigeonnier d’un château et une forêt sombre de conte de fées. Le contraste avec la vivacité des comédiens est d’autant plus prégnant, comme s’ils s’évertuaient à envoyer valser les vieux textes poussiéreux. Ce plateau est large et plein de possibilités, on apprécie la scénographie.
C’est ce décor, aussi, qui permet les apparitions et disparitions des personnages, qui se croiseront, virevoltants pendant l’heure quarante de spectacle. Le tout se veut irrévérencieux et frais, et il l’est. Presque trop ? On en vient à se le demander, car tout est joué sur ce mode. Ça tourne, ça chantonne, ça se chamaille. Et la chamaillerie n’est pas toujours intéressante. Car on a parfois l’impression qu’il y a un grand écart entre cette légèreté permanente et les moments dramatiques un peu appuyés.
Et c’est là que la performance de Bertrand Poncet, qui campe Cléandre, est frappante. Plein de second degré, il décale vraiment le propos, et arrive à la fois à montrer combien les problèmes de ces personnages sont parfois futiles, et en même temps à donner un goût de réel à son personnage. C’est donc lui qui est le plus surprenant, même si d’autres sont aussi précis et intelligents dans le jeu. Les vers sont dits avec justesse dans l’ensemble, le jeu est clair. Simplement, on aurait aimé aller chercher plus loin dans la surprise, dans l’autodérision.
L’objectif était de donner un coup de fouet à cette comédie en vers, et cet objectif est atteint. Peut-être pas de là à rebattre complètement les cartes.
La Place Royale, de Pierre Corneille
Mise en scène Vanessa Bonnet et Alexandre Paradis
Lumière Franck Thévenon
Scénographie et costumes Lili Kendaka
Son Jean-Louis Imbert
Avec Camille Bernon, Julien Lopez, Loïc Mobihan, Bertrand Poncet, Renan Prévot, Roxanne Roux
Du 9 au 17 mai 2019 à 20h
Durée 1h40
Théâtre des Célestins
4 rue Charles Dullin
69002 Lyon
Réservation au 04 72 77 40 00
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