À l'affiche, Critiques // La Nuit transfigurée de Anne Teresa de Keersmaeker au Théâtre de la Ville

La Nuit transfigurée de Anne Teresa de Keersmaeker au Théâtre de la Ville

Juin 11, 2016 | Commentaires fermés sur La Nuit transfigurée de Anne Teresa de Keersmaeker au Théâtre de la Ville

ƒƒƒ Article de Camille Scordia

La_nuit_Trans_R_Anne_Van_Aerschot

© Anne Van Aerschot

Il y a vingt ans de cela, la célèbre chorégraphe créait cette pièce, réponse chorégraphique à Verklärte Nacht, d’Arnold Schoenberg. Aujourd’hui, nous sommes face à une réécriture, portée par la version ultérieure pour orchestre à cordes du New York Philarmonic. C’est véritablement la musique qui est au centre de cette chorégraphie, source d’inspiration dans laquelle Anne Teresa de Keersmaeker a puisé pour créer un prolongement chorégraphique à l’expérience musicale.

Sur scène on ne distingue qu’un couple, à peine accompagné d’un troisième danseur. Après un long prologue dansé en silence, le duo s’ajuste à la partition d’une musique bouleversante, aux accents mélancoliques et passionnés. C’est pourtant avec une économie d’effets – scénographie épurée et éclairage neutre – que la chorégraphe choisit d’amener le sujet : l’amour et ses revers, la spirale du désir.

Pour porter ce romantisme sur scène, elle explore l’inépuisable motif des amants qui, entrelacés ou séparés, alternent des figures spirales. Au gré des mouvements musicaux, leurs poses représentent les multiples mouvements de l’amour, de l’indifférence feinte à la confiance absolue.

Effrontément romantique
Tantôt dans la fuite, tantôt dans la poursuite, l’un et l’autre incarnent à tour de rôle l’acharnement ou le refus de l’amour, suivant le style du ballet classique. Les amants entraînent notre imaginaire vers les grands classiques de la tragédie amoureuse, évoquant Tristan et Yseult, ou Roméo et Juliette. Dans cette danse amoureuse, les poses, les positions des corps dans l’espace scénique sont très stylisées, rappelant des silhouettes sculptées. Chaque tableau procure un véritable plaisir visuel, et leur expressivité déclenche l’émotion.

Au terme de cette lutte pour l’amour de l’autre qui n’a ni début ni fin, la chorégraphe choisit de clore ce ballet de la manière la plus sobre et la plus belle qui soit : resté seul, la musique tue, l’homme approche le bord de scène, et ne laisse entendre, le corps las, que son souffle coupé. Il nous donne à voir, la danse achevée, le corps d’un homme usé par les rouages amoureux. Ce final, d’une grande beauté, réunit ce qui fait la qualité de La Nuit transfigurée : le traitement chorégraphique et théâtral de la passion amoureuse avec un style d’une grande sobriété.

La Nuit Transfigurée
Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker
Musique : Arnold Schoenberg, Verklärte Nacht, op.4 Par New York Philarmonic
Dirigé par Pierre Boulez
Lumières  Luc Schaltin, Anne Teresa De Keersmaeker
Costumes Rosas/ Rudy Sabounghi
Dramaturgie musicale Georges-Elie Octors, Alain Franco
Coordination artistique et planning Anne Van Aerschot
Direction technique Joris Erven
Techniciens Wannes De Rydt, Bert Veris
Habilleuse Heide Vanderieck
Dansé en alternance par
Samantha van Wissen, Cynthia Loemij, Nordine Benchorf, Igor Shyshko, Mark Lorimer
Durée : 45 min
Du 7 au 15 juin à 20H30

Théâtre de la Ville
2 place du Chatelet
Paris 75004
Réservation 01 42 74 22 77

Be Sociable, Share!

comment closed