ƒ Article de Victoria Fourel

© DR

La Médiation. C’est un événement, une phase dans une vie de parents, un moment précis qui est raconté. Un moment douloureux, et qui suffit amplement à faire ressortir les sentiments encore tout proches et les rancœurs, dans la neutralité d’une salle, où, si on en croit les ordres, tout doit se régler.

Anna et Paul doivent discuter du devenir de leur fils, malgré le sentiment d’avoir été trahie, ou celui d’être persécuté. Chloé Lambert tente ici d’écrire des personnages caricaturaux, excessifs, pour dépeindre ce que ce genre de situation, artificielle et froide, fait ressortir en chacun de nous. Et livre ainsi une comédie efficace, qui fait rire jaune et qui ne perd pas de vue son enjeu : qui est le salaud, qui est la victime, pourquoi on se fait du mal ? D’un point de vue narratif, le fait que la pièce soit un huit clos, qui joue de l’ellipse entre chaque réunion, fait qu’on ne s’ennuie jamais, et la double intrigue qui se joue entre le couple séparé et entre les deux médiatrices réserve quelques surprises. Il est intéressant de se dire qu’on peut rire de sujets comme celui-ci, et toucher la tension dramatique en même temps que l’humour. Mais dans l’écriture, on aimerait plus de fantaisie, peut-être, pour permettre à ces quatre personnages de sortir de leur carcan, et de leurs objectifs respectifs. C’est percutant et plutôt intelligent, mais on cherche parfois plus de profondeur, voire même de poésie. Les sentiments sont parfois presque trop bien expliqués, et la situation mériterait d’être réinventée.

La mise en scène est simple et claire, comme se doit d’être la médiation. Le tableau blanc lumineux en fond de scène sur lequel seront écrits les mots-clés des réunions est un très beau parti pris visuel, mais qui pourrait être davantage exploité, et pourquoi pas finir par être submergé de mots que l’on empile pour tâcher de mieux se comprendre, sans y parvenir. Et si le texte est mis en valeur par la mise en scène en général, celle-ci est trop tournée vers lui, et il y a donc peu de passages sans texte, passages qui pourraient permettre de digérer ce qui est en train de se passer sur le plateau, mais aussi d’offrir de nouvelles images de théâtre, autre que des transitions par le noir.

On est pris du début jusqu’à la fin par cette Médiation, qui questionne celui ou celle que l’on est, face aux moments de la vie, avec humour et énergie, même si l’on reste un peu sur sa faim, face à ce spectacle qui répond presque trop bien à ce qu’on lui demande.

La Médiation
Texte Chloé Lambert
Mise en scène Julien Boisselier
Avec Julien Boisselier, Raphaëline Goupilleau, Ophelia Kolb, Chloé Lambert.

A partir du 8 janvier 2016. .
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h

Théâtre de Poche Montparnasse
75 bld du Montparnasse 75006 Paris
Métro Montparnasse – Bienvenüe
Réservation 01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com

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